Louise Pitre de retour au YPT dans Annie

«J’adore jouer le rôle d’une méchante»

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Publié 12/11/2013 par Alexandre Cuvelier

Annie, la jeune orpheline emblématique aux cheveux rouges et à l’optimisme contagieux, débarque au Young People’s Theatre de Toronto dès cette semaine et pour les sept prochaines, dans une mise en scène d’Allen MacInnis.

Basé sur la bande dessinée Little Orphan Annie d’Harold Gray, le spectacle suit les aventures d’une jeune orpheline à la recherche de ses parents, mais poursuivie par une bande d’escrocs cupides et sans scrupules.

Sa première production en 1977 a remporté sept Tony Awards, popularisé les chansons Tomorrow et It’s the Hard Knock Life et transformé la pièce en classique. Elle a été adaptée en film en 1982.

Dans cette nouvelle production, le rôle d’Annie sera tenu par Jenny Weisz et celui de Miss Hannigan, la diabolique directrice d’orphelinat, par la Franco-Ontarienne Louise Pitre, star internationale du théâtre musical.

Pitre retrouvera sur scène son mari, W. Joseph Matheson, lui-même un vétéran de telles productions, qui interprétera le rôle de Rooster.

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Belle expérience au YPT

Ce ne sera pas la première apparition de Pitre au YPT. En 2010, elle s’y produisait déjà dans la pièce Frog and Toad, pour le bonheur du public et des critiques. «Ça a été l’une des meilleures expériences de ma carrière et ce théâtre a une place spéciale dans mon coeur», déclare-t-elle en entrevue à L’Express, ce qui est l’une des raisons qui l’ont attirée vers ce nouveau projet.

Elle ajoute qu’«Annie est aussi une comédie musicale à l’ancienne, ce que j’adore tout particulièrement».

Pour Matheson, qui reprend ici un rôle qu’il avait déjà joué en 2004 aux États-Unis, Annie est surtout l’occasion de travailler sur scène avec son épouse: «On n’a pas souvent eu l’occasion de faire des représentations ensemble. Nous travaillons bien en équipe et nous aimons ça. C’est stimulant et amusant. C’est ce qui m’enthousiasme le plus dans ce projet, en plus du spectacle lui-même, qui est incroyable.»

Jeune public

De plus, le couple, qui dans la pièce interprète un frère et une soeur, ne cache pas son plaisir à l’idée de se produire devant un jeune public. «Raconter des histoires et chanter des chansons à un public d’enfants est quelque chose de formidable», explique Joe.

Et Louise d’ajouter: «C’est un public sans filtre qui réagit de la plus incroyable, spontanée et vocale des façons.»

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Pour Pitre, jouer le rôle d’une méchante est un plaisir inattendu. «J’adore ça», avoue-t-elle. «C’est incroyablement amusant. Et on ne prend pas de gants! Miss Hannigan est cruelle, frustrée, fâchée. Et dure, mais de façon amusante et mélodramatique.»

Si Annie n’est pas nécessairement très connue des jeunes francophones, le couple est convaincu que le spectacle a tout pour leur plaire. «C’est un classique qui fait chaud au coeur. L’histoire d’une enfant abandonnée qui reste positive et joyeuse et redonne l’espoir aux cyniques qui l’entourent. Elle est aussi plus intelligente que les adultes. Elle gagne toujours à la fin… et elle a un petit chien sur scène!»

Approche adulte

Mais il n’y en aura pas que pour les petits. «Les parents aussi vont adorer», assure Pitre. «L’humour et l’approche de cette production en particulier sont parfois très adultes. Et les chansons, bien sûr, sont fantastiques.»

Avec neuf représentations hebdomadaires, leur apparition dans Annie ne sera pas de tout repos pour le couple. «Quel est notre secret? Il n’y a pas de doublure. On n’a pas d’autre choix que de jouer. On ne peut jamais baisser les bras!», explique Louise, qui a tenu pendant deux ans le rôle de Donna Sheridan dans la comédie musicale Mamma Mia à Broadway et connaît mieux que personne le sens de l’expression «the show must go on».

Le théâtre musical à Toronto

Interrogée sur la situation actuelle du théâtre musical à Toronto, Louise Pitre répond avec ferveur et émotion: «La situation est exécrable. C’est terrible. Tout est devenu trop difficile, trop cher.»

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«C’est impossible de trouver des investisseurs. On est obligés de passer par des programmes éducatifs pour trouver des financements. Tout le monde joue la sécurité.»

«On ne voit plus que des tournées de spectacles américains trop commerciaux. Bien sûr, ça donne du travail aux équipes techniques et aux musiciens [de Toronto], mais pas aux acteurs locaux.»

«J’admire des compagnies comme Acting Up Stage qui font des productions plus modestes, mais de qualité. C’est ce vers quoi il faut retourner. Et aussi les vraies comédies musicales, comme Mame, Gypsy, Annie. Ce sont des spectacles incroyables. C’est ce que le public demande. Et on se bat pour ça.»

«Les productions actuelles manquent souvent de personnalité», poursuit-elle. «On a perdu le goût de l’histoire. On a perdu les émotions: touchez-moi, faites-moi sentir quelque chose! C’est ça qui compte. Et le public comprend ça.»

«Mais l’industrie semble penser qu’il faut que tout soit actuel et tendance. C’est ce que je déteste. Ca me rend malade. J’espère que la tendance générale va s’inverser.»

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«Bien sûr, il en faut pour tous les goûts, mais regardez ce spectacle-ci: le YPT va connaître un succès sans précédent avec Annie. C’est le spectacle le plus ambitieux qu’ils aient présenté jusqu’ici. Pour eux c’est énorme. Je les applaudis pour ça.»

On the Rocks

Lors de son précédent entretien avec L’Express, en septembre dernier, Louise Pitre se préparait pour son one-woman show On the Rocks au Théâtre Passe Muraille de Toronto. Un spectacle introspectif et personnel, insolite et unique dans sa carrière.

«C’était la première fois que j’écrivais un script en entier: une sacrée montagne à gravir pour moi. Tout était original, y compris les chansons écrites avec Joe.»

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