Ötzi, le migrant assassiné

L’homme de 5 000 ans était omnivore

Otzi
Le corps d'un homme assassiné il y a plus de 5000 ans a été retrouvé dans les glaces des Alpes italiennes. (Photo: pxhere.com)
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Publié 24/07/2018 par Pascal Lapointe

Ötzi traversait à pied une région des Alpes orientales, à 3 200 mètres d’altitude, il y a plus de 5 000 ans. Il avait manifestement prévu marcher un bout de temps encore, à en juger par le contenu de son estomac, tel qu’il serait révélé par l’autopsie: parce que l’homme d’environ 45 ans avait été mortellement blessé au dos par un objet contondant, une heure seulement après avoir pris son dernier repas.

À ce jour, son identité et son origine restent inconnues. Ses maigres possessions et son ADN laissent la porte ouverte à plusieurs possibilités mais une chose est sûre: comme quantité de migrants avant et après lui, il suivait grosso modo un parcours allant du Sud au Nord, dont les archéologues ont établi qu’il est utilisé par les voyageurs de passage depuis pas moins de 7 000 ans.

La vedette de 5 000 ans

Pourquoi a-t-il été tué? Par qui? Bien que la science ait fait des pas de géants depuis la découverte de son corps dans un glacier en septembre 1991, il est possible que ces questions restent à jamais sans réponses.

Sa dépouille repose aujourd’hui au Musée d’archéologie du Sud-Tyrol à Bolzano, dans le nord-ouest de l’Italie. Ötzi, ou «l’homme des glaces» , comme on l’appelle, est devenu une célébrité. Ironie dans cette Italie qui a élu cette année des dirigeants politiques opposés aux migrations.

Ötzi est aussi devenu une vedette des plus lucratives pour la ville: à la mi-juillet, la file d’attente était longue pour voir l’exposition… et son corps, à travers une petite vitre donnant sur une salle réfrigérée. Le Musée a été créé spécialement pour l’homme de 5 000 ans, après une brève dispute sur le pays qui devrait en avoir la garde.

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Otzi
Otzi l’homme trouvé dans la glace, selon le Musée d’archéologie du Sud-Tyrol en Italie.

Avant Celtes et Étrusques

On sait peu de choses des groupes qui habitaient les Alpes orientales à son époque, mais on sait que bien peu y habitaient depuis longtemps, et bien peu y resteraient longtemps.

Ces groupes n’étaient pas encore des Celtes , qui seraient remplacés par les Étrusques , qui seraient supplantés par les Romains, qui verraient arriver les Ostrogoths et ainsi de suite, dans de périodiques déplacements doublés de jeux politiques.

Au point où l’Italie, telle qu’on la définit aujourd’hui, n’apparaîtrait comme État qu’en 1861. Et la région dont fait partie Bolzano, appelée Sud-Tyrol ou Haut-Adige, a continué de faire partie de l’Autriche jusqu’en 1919, et a acquis une autonomie en 1946 lui garantissant un statut bilingue (italien et allemand).

Grand voyageur

Ötzi était-il un «étranger» à cette montagne qui a vu sa fin, comme pourraient le suggérer les taux de strontium et de plomb laissés dans ses os par son alimentation des 20 années précédentes? Ou était-il un personnage important d’un clan local, comme pourrait le suggérer sa hache en cuivre, matériau rare et précieux à son époque?

Le Musée laisse aussi cette question en suspens. Mais «il avait beaucoup voyagé»: le strontium et le plomb, les fibres de ses vêtements rapiécés, l’état de ses genoux, quatre traces de sang différentes sur ses flèches, deux types de cuir, bovin et mouton, dans ses chaussures, des pollens d’un environnement forestier dans ses vêtements et dans les pochettes attachées à sa ceinture…

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Quant à son ADN, il révèle des lignées paternelles et maternelles arrivées en Europe depuis le Proche-Orient pendant «les migrations du Néolithique», il y a 8000 ans. Soit avant d’autres migrations venues du Proche-Orient et qui, elles, avaient commencé, à l’époque de notre homme des glaces, à apporter l’agriculture dans le Sud de l’Europe.

Le dernier repas d’Ötzi

Il est plutôt rare qu’on puisse analyser un repas vieux de 5 000 ans. Celui d’Ötzi était composé de graisse en majorité, complétée par de la viande rouge, des céréales et quelques fougères toxiques.

Selon les chercheurs de l’Institut des études de momies en Italie qui ont pu étudier le contenu de son estomac, la composition particulièrement élevée en graisse est adaptée pour un homme devant vivre en montagne.

On ne sait pas si la viande consommée était fraîche ou séchée, mais l’analyse confirme qu’Ötzi était omnivore.

Auteur

  • Pascal Lapointe

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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