L’équipe de nouvelles #ONFR perd trois de six journalistes

Suppressions dénoncées à TFO

Suppression postes tfo
Les journalistes actuels de #ONfr : Étienne Fortin-Gauthier, Sébastien Pierroz et Benjamin Vachet.
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Publié 14/06/2018 par Jean-Pierre Dubé

Dans une 3e ronde de compressions depuis 2016, le Groupe Média TFO aurait éliminé 37 postes au sein de ses services phares : le magazine 24.7, le service d’actualités #ONfr et Mini TFO, les émissions pour enfants. La consternation face aux compressions du 13 juin dépasse les frontières de l’Ontario et des pressions sont exercées pour que le président Glenn O’Farrell annule les suppressions.

Le mouvement d’appui s’est surtout concentré sur le service de nouvelles en ligne qui couvre l’actualité politique de la francophonie ontarienne et canadienne. Trois postes sont disparus.

La plus récente recrue, Didier Pilon, en poste depuis le début de 2017 dans le Nord de l’Ontario, a salué ses collègues sur Twitter avec ces mots : «Ce fut un immense plaisir et un privilège.» La seule femme de l’équipe, Rozenn Nicolle, aurait aussi été remerciée.

Leur collègue Jean-François Morrissette, membre de l’équipe depuis 2016 et affecté à la Législature provinciale a renchéri : «Malgré le choc, je crois profondément en la mission de #ONFR et je suis fier de cette équipe.»

Un impact indéniable sur la scène journalistique

Ils ne sont pas les seuls à exprimer leur attachement. Un groupe de 13 universitaires d’un bout à l’autre du pays ont réagi en demandant au président de TFO de protéger l’intégrité de l’équipe de #ONfr et de lui accorder les ressources nécessaires pour accomplir son mandat. Ils ont d’urgence fait publier leur message dans plusieurs médias.

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«En tant que membres de la communauté, écrivent-ils, nous constatons à quel point l’équipe d’#ONfr a su répondre à un besoin criant d’information et de façon admirable. Elle représente ce qui se fait de mieux chez TFO et sa capacité à rendre justice aux enjeux prioritaires pour la vitalité de la communauté franco-ontarienne n’est plus à démontrer. Son impact sur la scène journalistique est indéniable.»

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a réagi. «TFO a beau être une chaîne éducative ontarienne, elle est diffusée également en Acadie et au Manitoba. Les journalistes de #ONfr couvrent l’actualité francophone non seulement en Ontario, mais partout au pays», a déclaré le président Jean Johnson par voie de communiqué, ajoutant qu’une «fragilisation de l’équipe d’#ONfr, c’est une perte pour toute la francophonie canadienne.»

Suppressions contre salaires

D’autres ont réclamé le congédiement de Glenn O’Farrell, qui fait partie de la liste des plus hauts salariés de l’Ontario. Ses honoraires en 2017 se chiffraient à 332 000 $, ce qui constituerait une hausse de 35 % par rapport 2016.

Le président de TFO a réagi par communiqué en fin de journée le 14 juin en donnant sa version quant à son salaire. «Ce n’est pas une augmentation, mais le remboursement exceptionnel de congés non pris depuis plusieurs années. Aucun remboursement n’est prévu l’an prochain.»

Selon la présidente de la Guilde canadienne des médias, l’émission Carte de visite a été supprimée en septembre 2016 ainsi que l’émission musicale BRBR en mai 2017. Kamala Rao précise que d’autres postes ont été éliminés au début de l’année.

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Parmi les membres de la Guilde, un chroniqueur, quatre postes à 24.7 et deux des trois animateurs de MiniTFO auraient été coupés cette semaine, en plus des trois reporters. Les autres employés licenciés sont membres du syndicat Unifor. La stagnation du financement provincial (16,8 millions l’an dernier) serait en partie responsable des difficultés.

L’Assemblée demande une rencontre d’urgence avec TFO

Glenn O’Farrell conteste les chiffres de la Guilde. «La stagnation du financement opérationnel de l’Ontario, la baisse des revenus de câblodistribution et l’augmentation des coûts fixes nous ont obligés à annoncer la cessation de 19 postes, dont huit permanents et 11 contrats à durée indéterminée.» Il ajoute que cinq nouveaux postes ont été affichés en fonction de nouvelles priorités stratégiques.

Le patron conclut que, malgré les récentes compressions, «le nombre de postes au sein de l’entreprise a augmenté de plus de 15 % entre 2015 et aujourd’hui». TFO comptait 224 employés l’an dernier.

Il n’empêche que l’Assemblée de la francophonie de l’Ontario a demandé une rencontre d’urgence avec les dirigeants de TFO pour obtenir des réponses sur les compressions et sur les possibilités à considérer.

«On veut savoir quel est leur plan pour assurer qu’on aura la même qualité de services» explique le président Carol Jolin. «On veut les inviter à revenir sur leur décision.» rajoute-t-il.

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La couverture de la campagne n’a jamais été aussi importante

Le porte-parole estime que le réseau provincial investit de moins en moins dans le contenu visant les francophones de l’Ontario. Il est persuadé que les suppressions de postes ne permettront plus le niveau de performance que le groupe #ONFR aurait atteint durant la récente campagne électorale.

Carol Jolin souligne que l’équipe de #ONFR s’est particulièrement distinguée, en travaillant par exemple avec la SRC sur le débat provincial en français. «La couverture en français de la campagne n’a jamais été aussi importante et d’aussi grande qualité.»

En supprimant le poste de correspondant à Queen’s Park, selon lui, la francophonie ontarienne aura un accès plus limité à l’actualité provinciale. «#ONFR est le seul média à part Radio-Canada qui couvre quotidiennement la politique provinciale. On veut avoir de l’information diversifiée qui vient de différents médias.»

Les débuts de la télé publique ontarienne remontent à 1966. Le réseau TVOntario a été fondé en 1975 avec une programmation de langue française représentant 17 % de sa programmation. En 1986, la branche française recevait sa propre licence de diffusion sous le nom de La Chaîne, qui devint TFO en 1995 et obtint son autonomie complète en 2006.

Auteur

  • Jean-Pierre Dubé

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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