Relationniste et agent littéraire qui œuvre dans le milieu de l’édition depuis vingt ans, Mireille Bertrand a recueilli les réflexions et les confidences de huit homosexuels, soit cinq qui s’affichent ouvertement et trois qui demeurent dans le placard. De ces entretiens, il ressort une volonté, chez les gais, «de vouloir témoigner de ce besoin légitime d’être aimés et respectés avec leur différence (…), de pouvoir dire aux jeunes gais qu’il est possible de vivre son homosexualité dans la joie, le bonheur et la dignité».
Mireille Bertrand s’est entretenu avec deux journalistes, un designer de mode, un humoriste, un pompier, un écrivain, un enseignant et un artiste-performateur. Tour à tour, ils ont parlé de leur enfance, adolescence et vie adulte, de l’importance ou non de faire son coming out, de l’amour et de l’amitié, des défilés de la Fierté gaie, du sida et de l’homophobie. Les avis sont partagés sur ces questions. Homo ne veut pas dire homogène.
Selon le journaliste Luc Boulanger, le coming out ou la sortie du placard s’impose naturellement. «La famille, c’est une maudite grosse partie de ta vie; ton côté émotif, affectif. Alors, comment peux-tu être dans le non-dit avec tes parents par rapport à quelque chose d’aussi important?»
Boulanger estime que si un gai n’en fait pas un plat, si le coming out n’est pas quelque chose de honteux, mais plutôt un geste naturel et beau, les gens vont plus facilement accepter les gais. Le journaliste sait, par expérience, que l’insulte suprême dans une polyvalente, «c’est de se faire traiter de fif ou de tapette. Comment alors un jeune homosexuel, qui évolue dans cet environnement-là, peut-il s’épanouir? Comment peut-il se bâtir une bonne estime de soi?» Boulanger croit qu’il y aura moins d’homophobie le jour où les gens vont se rendre compte que tout le monde est pareil sur la Terre.
Designer de mode masculine et féminine, Philippe Dubuc a une vision peu commune de la vie gaie. Selon lui, les homosexuels sont sur la Terre pour avoir du fun, «c’est pour ça qu’on nous a inventés! On est là aussi pour être les amis des femmes et les faire danser dans les mariages! (Rires)» Au dire du designer montréalais, il y a beaucoup de tromperies chez les gais parce qu’ils sont des chasseurs. Il y a aussi «une consommation sexuelle qui se fait tellement rapidement chez les gais.»