Hédi Bouraoui, talentueux écrivain, parcourt le monde avec l’appétit d’un Balzac. Sa trilogie méditerranéenne a été suivie (aux Éditions du Vermillon également) d’un joli petit livre Le conteur, où le héros ne conte pas, mais raconte.
Il nous entraîne dans un périple qui va du sud de l’Italie au Canada, en passant par le Maghreb. Images géographiques, réminiscences historiques et artistiques, mais aussi quête humaine, philosophique et moralisatrice avec condamnations et recommandations fraternelles comme l’auteur en a plein son sac. Paul François Sylvestre a fait de ce dernier ouvrage une recension pertinente et louangeuse, dans L’Express de Toronto.
Mais Hédi est aussi théoricien et nous gratifie d’un nouvel art poétique, L’intuitionnisme.
À la suite d’un poète français Éric Sivry, chef du groupe «intuitif italien» (intuitionniste?), Hédi nous donne sa définition de l’intuition poétique et l’illustre dans un opuscule de 37 pages, comportant onze poèmes.
L’ouvrage présente le texte français sur la page de gauche et sa traduction italienne sur celle de droite Hédi, qui fait fi des écrits de Roman Jakobson ou même de ceux Jean Cohen et de la vague linguistico-poétique qui les a suivis, enfourche son cheval de bataille en une série d’affirmations bien discutables telles que, p.6:
«Mais qui peut écrire un poème ou esquisser une peinture sans l’apport discret de l’intuition… L’intuition est source d’énergie émotionnelle… un flair qui se manifeste inconsciemment… L’intuition est toujours présente dans toute écriture poétique.»
À la page 8, on trouve une notation avec laquelle on sera davantage d’accord: «L’intuition est toujours braquée vers l’avenir.» Déclaration répétée p.12: «Intuitire, c’est voir venir».