Albertine en cinq temps, chef-d’œuvre de Michel Tremblay et de la dramaturgie québécoise, transcende les époques au Théâtre français de Toronto. L’Express a assisté à l’avant-première de la pièce.
Avec sa sœur et confidente Madeleine, Albertine partage ses expériences douloureuses à travers cinq étapes importantes de son existence, de 30 à 70 ans.
Criant sa rage, elle en veut aux hommes, notamment au père de ses enfants, qui est un mauvais mari. Mais sa plus grande tragédie réside dans le sort de ses enfants. Son fils Marcel sombre dans la folie et sa fille Thérèse s’intéresse aux hommes alors qu’elle est encore très jeune. Bouleversée par ces épreuves, colérique, désespérée, détachée, isolée, apaisée, Albertine confronte ses démons, de la rue Fabre à Montréal au petit village de Duhamel en passant par le parc Lafontaine.
En mère au foyer, prisonnière de son rôle et des contraintes sociales, femme qui déteste son mari, jeune veuve, sœur jalouse ou femme seule, Albertine vit avec amertume des problèmes universels. Ces thématiques, qui interpellent toute femme, s’inscrivent hors du temps. C’est sans doute ce qui explique le succès de la pièce dans plusieurs pays et sa traduction dans de nombreuses langues.
La mise en scène de Jean-Stéphane Roy innove en offrant un renversement de perspective où ce n’est plus Albertine à 70 ans qui se souvient de sa vie, mais Albertine à 30 ans qui imagine son avenir.