Pierre-André Doucet a publié un premier ouvrage intitulé Sorta comme si on était déjà là. «Sorta» vient de l’anglais «sort of», le titre est un exemple du chiac, dialecte franco-anglo-acadien parlé dans la région du sud-est du Nouveau-Brunswick. Ce recueil de «récits et d’errances» est principalement écrit en français standard, avec parfois des rares accents de chiac.
Je vous donne tout de go quelques exemples de chiac: «C’est fine, reste à Moncton comme tu veux / juste call-moi met que tu seye là, ok?» Pour décrire une averse, l’auteur écrit «y verse, y pour, et j’le prends. i take it in. je me laisse soaker.» Autre exemple: «Whatever que tu veux, buddy.»
Le style de Pierre-André Doucet, musicien de profession, est assez poétique. Un personnage prénommé Thomas se retrouve seul avec le coucher du soleil, au lieu d’un mec.
L’auteur écrit que les couleurs du coucher de soleil interpellent Thomas: «rose bleu mauve viens magenta orange feu rouge brûlé viens nuages pourpres bleus gris». Façon originale de décrire le plaisir solitaire.
Le contenu homosexuel de ce recueil est assez présent. Un jeune homme attend la visite de son frère et s’empresse de cacher les condoms, lubrifiants, affiches de rugbymen, magazines et photos compromettantes. Un autre baise avec un gars «qui lui avait fait un nombre honteux de propositions».