5 mythes tenaces sur l’homéopathie

Les produits homéopathiques continuent de gagner des adeptes, même si on sait que leur efficacité n’est pas différente de celle d’un placebo. Photo: Max Pixel / CC
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Publié 19/11/2019 par Agence Science-Presse

Même si les données scientifiques indiquent hors de tout doute que l’efficacité des produits homéopathiques n’est pas différente de celle d’un placebo, ils continuent de gagner des adeptes.

Dilutions

L’homéopathie est une idée de Samuel Hahnemann en 1796. Elle repose sur deux grands principes.

Le premier, une substance qui provoque un symptôme est censée pouvoir être utilisée pour soulager ce même symptôme.

Le second implique la dilution très forte, et en série, d’une substance active qui est ensuite secouée afin d’en augmenter soi-disant la puissance.

Au final, les dilutions sont telles qu’il ne reste plus une seule molécule de la substance initiale dans le «remède» homéopathique.

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Effet placebo

Le verdict est clair: il n’existe aucune preuve de l’efficacité thérapeutique des produits homéopathiques.

Pour l’Académie nationale de médecine, en France, l’homéopathie est une «méthode imaginée il y a deux siècles à partir d’a priori conceptuels dénués de fondement scientifique».

Le Conseil scientifique des académies des sciences européennes (Easac) — un groupe composé de scientifiques européens de premier plan — déposait en 2017 un rapport déclarant «qu’il n’existe, pour aucune maladie, aucune preuve, scientifiquement établie et reproductible, de l’efficacité des produits homéopathiques… même s’il y a parfois un effet placebo».

Une conclusion qui rejoint celle publiée deux ans plus tôt par le National Health and Medical Research Council, en Australie, après relecture de 57 méta-analyses publiées entre 1997 et 2013 et recouvrant 176 études scientifiques, sur 61 maladies ou problèmes de santé.

Malgré tout, les adeptes de l’homéopathie continuent de croire à son efficacité et invoquent pour leur défense 5 des arguments suivants.

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Contre-argument 1: Rien à voir avec l’effet placebo

De nombreuses études ont démontré que l’efficacité de l’homéopathie relève bel et bien du placebo, un effet obtenu lorsqu’un faux médicament a des effets réels parce que la personne croit recevoir un vrai traitement.

Les études citées plus haut considèrent que l’effet des médicaments homéopathiques est le même que celui des placebos auxquels ils étaient comparés. C’est-à-dire que lorsqu’on observe une amélioration de l’état du patient, il est impossible de relier spécifiquement ce changement au traitement homéopathique.

L’analyse australienne, qui a porté sur 13 problèmes de santé, démontre aussi que les études qui ont suggéré un bénéfice supérieur à un placebo se sont révélées mal conçues et peu fiables en raison d’erreurs méthodologiques sérieuses ou d’un faible nombre de participants.

Contre-argument 2: Santé Canada approuve et des pays remboursent

Les fabricants de produits homéopathiques n’ont pas à fournir de preuves scientifiques de leur efficacité pour que Santé Canada les approuve, puisqu’il ne s’agit pas de médicaments, mais de produits dits «naturels».

Pour ce genre de produits, les fabricants doivent simplement indiquer la composition, la posologie et les contre-indications de leurs produits et montrer que la substance a été utilisée ailleurs dans le monde, sans effets secondaires.

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Mais ils n’ont pas à fournir d’études précises ou de preuves d’efficacité. Des articles ou des pharmacopées ancestrales (de médecine ayurvédique, par exemple) peuvent suffire pour soutenir des allégations mineures.

Rien de comparable à ce qui est exigé pour les médicaments: pour eux, leurs fabricants doivent véritablement prouver, par des tests sur des animaux puis des humains, que le médicament a un impact supérieur à celui d’un placebo et qu’il est sécuritaire.

Santé Canada a entrepris en 2016 une révision de la réglementation entourant les produits d’autosoins, dont font partie les produits homéopathiques.

Le ministère a publié une proposition afin que le niveau de preuve exigé pour soutenir les allégations des produits d’autosoins soit le même que pour les médicaments. Le processus de travail devrait s’accélérer en 2020, mais la date des changements n’est pas connue.

Quant aux remboursements par les assurances publiques ailleurs dans le monde, ils sont de plus en plus remis en question.

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La France vient d’annoncer que l’homéopathie ne sera plus remboursée par la Sécurité sociale à partir de 2021, après que son comité chargé d’évaluer l’intérêt des médicaments qui doivent être remboursés se soit penché pour la première fois sur l’homéopathie.

En 2017, ce sont les services de santé britanniques qui ont cessé le remboursement des traitements homéopathiques après avoir étudié les travaux de leurs homologues australiens et neuf méta-analyses publiées depuis.

Contre-argument 3: Ce ne serait pas vendu en pharmacie si ce n’était pas efficace

Les produits homéopathiques sont disponibles en pharmacie parce que Santé Canada les approuve pour la commercialisation et qu’il y a une demande du public.

Certains pharmaciens estiment que de les placer sur leurs tablettes leur permet d’expliquer à leurs patients l’inefficacité de ces produits et évite que certains, atteints de maladies graves, ne remplacent leurs médicaments par ces produits.

Mais d’autres pharmaciens soutiennent que si ça ne marche pas, ça ne devrait pas être en pharmacie. D’ailleurs, certaines pharmacies québécoises ne vendent pas de produits homéopathiques.

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Comme aucune donnée probante ne démontre l’efficacité de l’homéopathie, un pharmacien qui la recommande en prétendant que c’est efficace se place en situation d’infraction disciplinaire, selon l’Ordre des pharmaciens du Québec.

Contre-argument 4: Ce n’est pas dangereux

Les dilutions ne semblent pas présenter de risque pour la santé, mais une personne qui néglige d’obtenir de vrais soins basés sur des preuves scientifiques ou qui retarde la consultation d’un médecin parce qu’elle fait confiance à un produit homéopathique, peut mettre sa vie en danger, indique le rapport de l’Easac.

Les exemples sont nombreux: en 2017, la presse italienne rapportait le décès d’un enfant de sept ans soigné par homéopathie pour une infection provoquée par une otite.

En 2012, une Française atteinte d’un cancer du sein est morte après avoir été soignée avec de l’homéopathie à l’exclusion de tout autre traitement.

Plus récemment, en 2017, une femme de Calgary a été condamnée à trois ans d’emprisonnement pour négligence criminelle pour avoir soigné l’infection bactérienne de son fils de sept ans avec des remèdes homéopathiques.

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De plus, bien qu’ils ne contiennent pas de substance médicamenteuse active, les produits homéopathiques peuvent provoquer des effets secondaires chez les personnes ayant une intolérance aux autres ingrédients qu’ils contiennent, tels que le lactose, le saccharose ou l’alcool.

En 2017, la Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a lancé une mise en garde visant des produits homéopathiques pour les douleurs dentaires des bébés. Ils sont soupçonnés d’avoir causé le décès de 10 enfants et l’hospitalisation de 400 autres. Les produits contenaient une trop grande quantité de belladone, une plante toxique.

Contre-argument 5: L’homéopathie est une industrie artisanale

C’est une industrie qui générait des revenus mondiaux de 3,8 milliards $ US en 2015, selon l’organisme Transparency Market Research. Celui-ci projetait une croissance de 18% d’ici 2024.

C’est aussi une industrie qui a un énorme pouvoir de lobbying et de marketing. Il suffit de regarder les résultats financiers des grands fabricants comme le français Boiron, le suisse Weleda et l’allemand Lehning.

En Ontario, une Loi sur les homéopathes instituait en 2015 un Ordre chargé de veiller à ce que les personnes qui exercent cette profession soient «réglementées, responsables et qualifiées».

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