3 mythes sur les régimes amaigrissants

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Perdre du poids et améliorer la santé vont souvent de pair, mais ce n'est pas la même chose. Photo: Jean-Pierre Dubé, Francopresse
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Publié 25/10/2023 par Kathleen Couillard

Jeûne intermittent, alimentation paléo, diète cétogène, alimentation crue, Atkins, etc. Ces régimes, et bien d’autres, ont en commun de garantir une perte de poids rapide et sans efforts.

Mais ils sont aussi nombreux, plus récemment, à s’être mis à promettre d’améliorer la santé pour attirer de nouveaux adeptes. Malheureusement, ces promesses ont peu de fondements.

1. Les régimes permettent une perte de poids durable? Faux

On sait qu’un problème de longue date des régimes amaigrissants est l’effet yo-yo: le fait de reprendre rapidement du poids après en avoir perdu.

En 2013, deux chercheurs des Pays-Bas écrivaient qu’une diète restreinte en calories était considérée comme efficace si elle provoque une perte de poids de 5% qui se maintient au moins trois ans.

En 2015, les mêmes chercheurs ont publié une revue systématique d’études ayant suivi des personnes en surpoids ou obèses pendant au moins trois ans après leur régime. Ils ont observé que l’effet des diètes sur le poids était assez modeste.

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De plus, moins de la moitié des gens étudiés parvenaient à conserver le nouveau poids et cela, à condition d’avoir continué à suivre les nouvelles habitudes alimentaires mises en place pendant le régime.

Selon des chercheurs norvégiens qui ont réalisé une autre analyse des études sur le sujet en 2020, il faut toutefois faire attention à certains biais fréquents dans ce genre d’études. Par exemple, les diètes analysées ont des taux d’abandon très élevés: jusqu’à 83% dans certains cas.

Si les gens qui ont laissé tomber sont exclus de l’analyse, les résultats risquent d’être faussés.

Pour cette raison, les scientifiques norvégiens ont analysé seulement les études avec un taux d’abandon inférieur à 30%. Ils se sont également assurés que les participants ne recevaient pas un soutien supplémentaire pendant la période qui suivait la fin du régime.

Ils ont ainsi identifié huit études qui satisfaisaient à tous ces critères. Conclusion: à long terme, les participants reprenaient bel et bien du poids de façon significative.

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Les Trois Grâces de Rubens.

2. Les discours santé peuvent cacher des régimes? Vrai

Considérant à quel point l’effet yo-yo est maintenant connu, cela pose donc un problème aux promoteurs de ces régimes.

En 2018, dans une analyse publiée par le journal de l’American College of Sports Medicine, la nutritionniste sportive américaine Leslie P. Schilling soulignait que plusieurs compagnies qui commercialisent des régimes amaigrissants doivent désormais modifier leur marketing, parce que de plus en plus de gens tiennent pour acquis que «les régimes ne fonctionnent pas».

En conséquence, ces compagnies présentent leurs approches comme une façon d’améliorer la santé.

C’est ce qu’a fait la compagnie Weight Watchers en adoptant un marketing orienté vers la santé ou le bien-être, rapportait en 2018 le Washington Post.

Elle a commencé par changer son nom pour WW, et l’a accompagné du slogan «Wellness that works».

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Dans son discours, la compagnie évoque le bien-être physique et mental et évite les mots comme «diète» et «poids». Cependant, elle offre toujours son programme de perte de poids.

Le discours du bien-être serait même un sous-produit de la culture des diètes, observait en 2021 Emma Atherton, candidate au doctorat en philosophie au Massachusetts Institute of Technology (MIT).

Selon son analyse, il s’agit d’un discours socialement accepté. C’est ce que démontreraient d’ailleurs les nombreux blogues qui suggèrent les bons aliments à manger pour améliorer l’énergie ou l’humeur, ou pour prendre soin de son corps.

Cependant, même si ce discours critique les diètes restrictives, la perte de poids demeure le principal objectif mis de l’avant.

En fait, selon le Guide alimentaire canadien publié par Santé Canada, si une approche alimentaire dicte quels aliments manger et lesquels éviter, ou si elle prescrit les quantités, il s’agit vraisemblablement d’un régime restrictif.

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Le Guide recommande aussi de se méfier des discours qui proposent des changements alimentaires incompatibles avec le mode de vie, difficiles à suivre à long terme ou qui nécessitent l’achat d’aliments particuliers.

La recommandation du nouveau Guide alimentaire canadien: 50% de fruits et légumes, 25% de protéines et produits laitiers, 25% de céréales… et de l’eau.

3. La minceur est un gage de santé? Faux

Reste l’association que notre société fait entre minceur et santé.

En 2014, des chercheurs suisses ont analysé la mortalité de 31 578 individus sur une période de 32 ans, en fonction de leur indice de masse corporelle (IMC). Ils ont observé que la mortalité était plus importante dans les deux extrêmes de l’IMC.

En effet, sans surprise, elle était élevée chez ceux qui possèdent un IMC élevé — risques plus grands de problèmes cardiaques, de diabète, etc.

Mais les individus avec un très faible IMC (moins de 18,5) voyaient pour leur part leur mortalité augmenter de 37% comparativement à ceux avec un IMC considéré «santé» (18,5 à 25).

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Selon des chercheurs de Boston qui ont réalisé en 2018 une revue des études se penchant sur l’effet sur la mortalité de la composition corporelle — proportion de masse osseuse, masse maigre, masse adipeuse — le risque serait plus élevé chez les gens avec un faible IMC que chez les gens en surpoids ou obèse.

Cela s’explique en partie par le fait qu’une faible masse musculaire influence ce risque.

Enfin, comme le rappelle le site britannique Diabetes.co, il existe deux types de gras. Le gras sous-cutané et le gras viscéral.

Chez certaines personnes, le corps ne parvient pas à stocker le gras sous la peau et doit donc l’entreposer dans l’abdomen et autour des organes. Ces personnes ont ainsi l’air minces de l’extérieur, mais ont quand même des quantités anormales de gras à l’intérieur, ce qui peut causer des problèmes de santé, notamment de la résistance à l’insuline et du diabète de type 2.

Il faut aussi savoir que l’IMC ou l’apparence d’une personne ne permettent pas d’estimer la masse graisseuse ni la masse musculaire.

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Des anomalies dans la composition corporelle peuvent survenir, peu importe le poids, comme le remarquait en 2018 une équipe de chercheurs canadiens et américains.

Par exemple, une personne pourrait être considérée comme obèse selon l’IMC, mais avoir une très faible quantité de gras corporel et une masse musculaire très élevée — elle serait donc considérée en bonne santé.

À l’inverse, un individu peut avoir l’air mince et en santé, mais avoir une très faible masse musculaire.

Auteurs

  • Kathleen Couillard

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

  • Agence Science-Presse

    Média à but non lucratif basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada.

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