On l’a appelé le Mick Jagger du Bayou, un peu pour sa gueule de rockeur, évidemment, mais aussi parce qu’il a su, à l’instar des Rolling Stones, prendre un musique du terroir – la Louisiane, en l’occurrence – et l’actualiser avec panache, pour la faire découvrir au reste de la planète. Et puisque les occasions de voir et d’entendre Zachary Richard dans la Ville-Reine se font plutôt rares, on serait fou de se priver de ce singulier plaisir.
Lorsque L’Express l’a rejoint à son domicile louisianais, Zachary soufflait «un p’tit brin», au retour d’un passage à Paimpol, en Bretagne, et avant de reprendre la route, d’abord vers Saint-Tite, pour le fameux Festival Western, puis vers Toronto. Comme c’est souvent le cas, cette période d’activité fébrile correspond au lancement d’un nouvel album, Last Kiss, son premier en anglais depuis les années 90.
«Pour la première fois en quinze ans, je sors du “ghetto” français, entre guillemets. Je ne perçois pas l’anglais comme un adversaire, mais plutôt comme un complice que je cherche à emmener dans mon univers», souligne l’auteur-compositeur qu’on décrit comme le plus francophone des Américains, et le plus américain des francophones.
«J’ai été élevé en milieu francophone, même si mes parents me parlaient surtout en anglais. Ce que je trouve dérangeant, c’est d’avoir à faire un choix. Je me sens un peu comme Janus avec une tête double, qui regarde dans deux sens différents!»
Plus qu’une réalité quotidienne, cette dualité linguistique est au cœur même du processus créatif de Zachary. «Au départ, je navigue dans une espèce de brouillard, d’où surgit un son reconnaissable, qui va s’afficher dans une langue ou dans l’autre. Quand j’écris, il n’y a pas de volonté qui dicte le choix de langue. C’est subconscient.»