Yann Queffélec s’est largement fait connaître avec Les Noces barbares, roman qui a remporté le Prix Goncourt 1985, qui a été traduit en 35 langues et qui s’est vendu à un demi-million d’exemplaires. Queffélec est aussi l’auteur de La Femme sous l’horizon, Le Maître des chimères, Prends garde au loup, Boris après l’amour, Les Affamés, Ma première femme et L’Amante. Il vient de nous livrer L’amour est fou, un roman d’une rare intimité.
L’action du roman se situe à Paris en 1975. Depuis qu’il a perdu sa mère, en 1969, l’année du bac, Marc Elern s’est métamorphosé. L’adolescent joyeux s’est fait cynique, secret. On dirait qu’il en veut à ceux qui l’ont vu grandir et souffrir. Marc ne voit plus Cathy, sa petite sœur aveugle; il fuit Tim, l’éternel copain; il essaierait bien d’établir un dialogue avec son père, mais il est si peu naturel en face de lui.
Marc, 25 ans, vit avec Aline, 42 ans. Le couple s’aime, veut un enfant, mais Marc est encore un enfant pour qui l’avenir n’est qu’un jeu virtuel, un passe-temps.
Aline est la mère d’Alba que Marc a connu platoniquement et qui s’est envolée depuis six ans. Un dimanche d’automne, le téléphone réveille Marc au petit matin: «C’est moi, c’est Alba, tu te souviens? Tu m’as manqué.» L’amour est fou. L’amour bouscule. L’amour chavire. Voilà ce que décrit Yann Queffélec dans une prose finement ciselée.
Il emprunte un ton très intimiste pour dire les choses, à un point tel que le lecteur se croirait en plein tête-à-tête avec l’auteur. En voici un exemple: «C’est étrange, une femme, sa façon d’interpréter les choses après coup. La marée monte, on est un dieu. Elle descend, on est un monstre. On voit surgir des formules et des évidences auxquelles on n’aurait jamais pensé. Elle fait miroiter l’amour fou sous un angle tel que si l’on y mordait, cette fois, il aurait une saveur de cyanure.»