Vivre dans la nature pour renouer avec les siens

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Publié 19/05/2015 par Manon Bodel

Tout quitter et partir vivre au beau milieu de nulle part sans aucune trace de vie humaine à l’horizon. Un cauchemar pour certains, un rêve pour d’autres, mais aussi une réalité pour quelques Canadiens qui ont décidé de réaliser cette incroyable expérience.

Suzanne Crocker en fait partie. Elle a choisi d’abandonner la ville et de partir avec son mari et ses trois enfants en pleine nature, dans la forêt du Yukon, pendant neuf mois. «Les gens du Yukon disaient que c’était une bonne chose pour nous. Les amis et la famille étaient incrédules», raconte-t-elle dans son documentaire All The Time In The World, récemment diffusé lors du festival Hot Docs à Toronto.

La réalisatrice n’est pas la seule à avoir pris cette décision. En 1992, Wayne Adams, Catherine King et leurs deux enfants ont construit leur propre demeure flottante, composée de 12 plateformes, sur la côte de Tofino en Colombie-Britannique, où ils vivent encore en parfaite autarcie.

Alors, pourquoi et comment se passer de notre confort moderne, d’électricité et de communication, avec des enfants en bas âge?

Échapper au temps

La famille de Suzanne Crocker s’est installée dans une petite cabane, construite par ses propres moyens, au bord d’une rivière. Un paysage idyllique s’offre à elle ainsi qu’une forêt regorgeant de ressources et d’activités pour les enfants, les parents, le chien et les deux chats.

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«Nous n’arrivions pas à trouver l’équilibre dans notre famille. Gerard, mon mari, est médecin, il ne voit pas souvent ses enfants. Moi, je suis retraitée pour passer plus de temps avec eux, mais en réalité je suis plus occupée qu’avant. Nous devions donc faire quelque chose de radical», explique Suzanne Crocker en entrevue à L’Express.

Prendre du temps pour soi, mais aussi pour les siens, c’est ce qui a poussé cette famille à s’isoler de la ville et à rejoindre les bois du Yukon.

Un choix que les enfants semblent avoir grandement apprécié, à l’image de la petite Tess, qui, interrogée par sa mère pendant le documentaire, peu avant leur déménagement, confie être impatiente d’aller vivre dans les bois «car il n’y a pas internet donc maman ne pourra pas être tout le temps sur l’ordinateur»…

«Nous avons décidé de ne prendre aucune montre ou horloge pour être libérés de la structure du temps», nous dit Suzanne Crocker.

Sans heure, avec seulement le lever et le coucher du soleil pour indiquer le changement des jours et des saisons, la petite famille adopte un comportement entièrement libéré des contraintes sociales. «Sans montre, on dort lorsque l’on est fatigué et on se réveille quand le corps est reposé. On mange quand on a faim.»

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Il n’est toutefois pas question de s’isoler entièrement de la ville. Gerard y retourne une fois tous les deux mois, ramenant fruits, légumes, livres et ustensiles.

Un bel apprentissage

Vivre dans les bois fut, pour Suzanne Crocker et ses enfants, une expérience riche en enseignements.

«Les enfants étaient plein de ressources, ils sont devenus plus indépendants et se sont montrés ingénieux en trouvant et en construisant leurs propres divertissements.» Décorations pour le sapin de Noël, cadeaux de Noël, bonbons pour les anniversaires… Les enfants ont développé leur créativité en créant leurs propres jeux et occupations.

«Il n’était pas difficile pour eux de vivre sans internet et sans leurs amis. Ils ont fait preuve d’adaptabilité», assure Suzanne Crocker.

Les parents ont également dû faire preuve d’imagination pour occuper les petits et continuer leur apprentissage scolaire. «Nous étions très flexibles sur les devoirs d’école. Nous ne suivions pas un curriculum spécifique et nous prenions toutes les opportunités. Par exemple, lorsque l’on cuisinait, on leur apprenait les fractions.»

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Mais, ces moments uniques, partagés en famille dans la forêt du Yukon, ont permis surtout à Suzanne Crocker de porter un autre regard sur notre société et sur ses proches. «J’ai appris l’importance de vivre dans le moment, d’être présente sans penser au futur. J’ai pris du temps pour moi-même. Bien sûr, nous ne sommes pas parfaits, mais notre famille est mieux qu’avant. Personne n’a de téléphone portable, je ne porte pas de montre, et mon mari travaille maintenant à temps partiel pour être davantage présent.»

Et cette mère de famille n’attend désormais plus qu’une chose: avoir l’occasion de retourner dans cette petite cabane au milieu de la forêt, pour une durée encore plus longue, afin d’avoir de nouveau devant elle «tout le temps du monde».

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