De nos jours, les romans de 700 ou 800 pages sont assez rares. Jean Basile (1932-1992) nous offre Me déshabiller n’a jamais été une tâche facile, roman de 784 pages où une phrase peut avoir 42 lignes et un paragraphe s’étendre sur sept pages, soit plus de 245 lignes. Véritable roman proustien.
Journaliste, critique littéraire, romancier et éditeur, Jean Basile a entrepris un grand projet d’écriture largement autobiographique en 1984, puis l’a abandonné deux ans plus tard après avoir tapé 1 106 pages. Son ami Christian Allègre a révisé ce texte et les Éditions Fides l’ont publié, avec une préface de Robert Lévesque.
J’ai rencontré Jean Basile en 1976, lorsqu’il était directeur des Éditions de l’Aurore. Il a publié mon tout premier livre, un journal intime de ma sortie du placard.
Le narrateur Jean Dupont a presque 70 ans; c’est un homosexuel qui vit seul dans le Montréal des années 1955-1965. Il reçoit les confidences de quatre jeunes hommes invertis: Isabel, Adolphe, Marcellin et Julien.
À noter que le mot «homosexualité» n’apparaît que trois fois dans un chapitre au début du roman. L’auteur parle plutôt d’un monde «hautement ritualisé». Il est question de désir charnel, bien entendu, mais l’éjaculation sert à affirmer «son individualité, son droit absolu d’être lui-même».