Port-au-Prince est une ville «déprimante», selon Paul Brockmann, l’ex-chef de mission de l’organisation humanitaire Médecins sans frontières (MSF) en Haïti, qui était basé ces deux dernières années dans un hôpital d’urgences obstétriques de Port-au-Prince.
«C’est une cité immense avec de très gros problèmes d’infrastructure. Les quartiers sont fermés à cause des bâtiments détruits par le séisme de 2010. Les ordures jonchent le sol», indique à L’Express l’ex-éditeur de magazines devenu administrateur chez MSF, qui est passé par Toronto avant de rentrer chez lui aux États-Unis. Haïti était sa neuvième mission.
Aider les femmes
Les conditions de vie restent très difficiles en Haïti. L’accès à un hôpital ou à une clinique y est très limité. Le service que gérait Paul Brockmann accueille des femmes ou des jeunes filles enceintes ou violées ou victimes de complications de grossesses: «Une femme pré-éclamptique qui ne reçoit pas les soins nécessaires coure des risques pour elle et pour le bébé», donne-t-il comme exemple.
Les équipes de MSF souhaitent aussi avoir un impact significatif sur le taux de mortalité maternelle et offrir un soutien à toutes les femmes victimes de violences sexuelles, notamment les mineures. En mai 2015, MSF a lancé un projet de prise en charge des violences sexuelles en créant des partenariats avec des cliniques de proximités sur toute l’île. Car c’est là que le problème majeur subsiste: il n’y a quasiment pas de lien de soutien technique entre l’hôpital où travaillait Paul Brockmann et les autres hôpitaux haïtiens.
Pendant le séisme de 2010, l’hôpital a été totalement détruit: «On a perdu des collègues et je présume que des patientes sont aussi décédées. D’autres hôpitaux ont été touchés, ça a été une immense perte de connaissances et de capacité d’action qui a ajouté à la crise humanitaire. Il a fallu tout reconstruire et se battre en parallèle avec le choléra qui sévissait. L’hôpital a rouvert en mars 2011.»