Vintages: pourquoi attendre le samedi?

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Publié 11/05/2010 par Alain Laliberté

Je me souviens du temps pas si lointain (le temps passe trop vite…) alors qu’il n’y avait qu’une livraison mensuelle de produits de la catégorie Vintages. Maintenant, il y en a deux. Deux fois par mois, le consommateur se voit offrir plus d’une centaine de vins. Les conseillers en vin en ont plein les bras. Outre les journées de congé, il faut compter celles réservées pour la dégustation des produits (il faut bien qu’ils connaissent ce qu’ils vendent). Certains conseillers sont membres d’autres panels d’évaluation et de connaissances de produits, d’autres enseignent; il faut bien se préparer. Donc, pour certains conseillers en vin et spiritueux, le temps passé en succursale est moindre que pour l’ensemble de ces spécialistes.

Vendredi, journée occupée dans les magasins, les conseillers en vin favorisent le service et la vente. Il n’y a pas assez de temps pour la mise en place sur le plancher et disposer les bouteilles sur les tablettes. Il faut donc s’y prendre d’avance. Les magasins de la RAO vendent les produits Vintages à partir du jeudi. Mieux, chez certains, c’est le mercredi. Évidemment, il faut attendre le samedi pour les produits très recherchés.

Cette semaine, les vins blancs bourguignons ont la cote. Roux Père & Fils Rully Clos des Mollepierres 2007 (169193 23,95$) s’avère superbe pour le prix. Nuancé, le nez respire le pain grillé, un boisé discret absorbé par le fruit et des notes florales qui apportent un caractère aérien. La bouche suit, droite et moyennement corsée, avec des arômes grillés, des notes d’agrumes et une finale aromatique épicée persistante. Élégant et harmonieux, l’ensemble tient sur une acidité vive et soutenue. Excellent prix. ***(*) @ ****/*****

Du même producteur et plus cher, le Saint-Aubin 1er Cru La Chatenière 2007 (169177 39,95$) est indéniablement supérieur et vaut décemment son prix. Avec une telle teinte or vert scintillant, la bouche devrait offrir une franche acidité. (La brillance d’un vin est un signe assez fiable sur le niveau potentiel d’acidité du vin). Fumé au premier nez, celui-ci libère, à la suite de l’aération, des odeurs de fruits blancs sur un fond de noisette et de beurre. Vif, plein et ample, ce vin joufflu moyennement corsé est assis sur une acidité tendue (la brillance de l’examen visuel) assurant droiture et longueur. Servi pas trop froid (15°C), à la rigueur décanté, ce vin devrait en mettre plein la vue maintenant et au cours de la prochaine décennie. ****/*****

Toujours en Bourgogne, donc issu de chardonnay comme la quasi-totalité des vins blancs de cette région, le Chablis 1er Cru 2007 de William Fèvre (169805 29,95$) est un vin jaune or brillant à reflets vert très vif en attaque. Relativement serré, ce vin sec moyennement corsé ne manque pas de tenue ni de minéralité. Élégant, pur et droit (l’acidité du vin), il présente un bon volume (alcool moyen corsé) et une longueur appréciable. ***(*)/*****

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Mon coup de cœur va directement au vin allemand Darting Gewurztraminer Dürkheimer Nonnengarten Kabinett 2008 (944181 16,95$) parce que j’en boirais jusqu’à plus soif. La volonté vient à manquer. Mais bon, il faut se retenir puisqu’il glisse admirablement bien. Très rond en attaque, souple, ample et fin à la fois, presque sec, très long et moyennement corsé, le vin est l’exemple parfait d’un Gewurztraminer avec ses arômes intenses de rose, de litchi et d’œillet. J’entends beaucoup de lecteurs marmonner contre le fait que le vin est presque sec; il est donc sucré! C’est justement cette magie allemande d’harmonie entre la douceur et l’acidité. Bref, vous le laissez de côté et je m’en régalerai avec un homard dans les prochains jours. ****/*****

Pour les amateurs de vins blancs légers et bien secs, le portugais Muralhas de Monção Vinho Verde 2009 (80374 13,95 $) a de quoi remporter la palme. Si les prochains mois d’été s’avèrent aussi beaux qu’avril et ce que le début de mai nous a réservé, il faut acheter ce vin à la caisse. La pêche exhale du verre et envoûte le palais. Franche et bien vive avec juste ce qu’il faut de cette délicate effervescence pour amuser la bouche, celle-ci est aérienne, légère et droite. ****/*****

En rouge, voici, si je ne m’abuse, le troisième millésime de ce vin bordelais offert par la RAO. Le Château Hauchat Fronsac 2006 (123489 14,95$) fut un coup de cœur la première fois qu’il fut commercialisé en Ontario. La seconde fois ne fut pas à l’image de la première. Cette fois-ci, on ne s’y trompe pas. Le rapport qualité/prix est impeccable. Des odeurs de torréfaction insistantes précèdent une attaque ferme, de corps moyen et droite bien campée sur des tanins souples. L’ensemble glisse très bien, tout en harmonie, non dénué d’élégance (souplesse du tanin) et persistante. ***(*)/*****

Toute chose étant relative, le Saint-Émilion Grand Cru Château La Confession 2006 (563684 62$) s’avère un bon achat pour le prix. (Toute chose étant relative aux prix fous de la Place de Bordeaux). Dense, plein et corsé, l’ensemble est assis sur des tanins serrés qui ne manquent pas d’étoffe. Le fruit (cassis, cerise noire) a commencé à digérer un boisé insistant qui apporte un complément aromatique à une palette bien nuancée (fumée, torréfaction, anis). Finale intense, droite et longue. ***(*)/*****

Enfin, deux pinots noirs bourguignons qui ont fait unanimité parmi les participants à la dégustation. Par ordre de prix, le Bourgogne Hautes Côtes de Nuits 2006 Dufouleur Frères (159210 21,95$) s’avère le parfait compagnon d’une partie de scrabble ou backgammon. Moyennement corsé, marqué par les petits fruits rouges dont la fraise, doté de tanins fins qui mettent de la finesse au tout moyennement corsé et très frais, ce vin harmonieux et long glisse dans la bouche comme de l’eau sur le dos d’un canard. Que c’est bon du bon pinot noir! ***(*)/*****

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Beaune Bressandes 1er Cru 2006 Domaine Besancenot (166181 31,95$) Ce vin démontre une belle relation complémentaire et équilibrée entre des tanins tendres au grain serré et une acidité fraîche dans un tout moyennement corsé. Le pinot «pinote» avec un caractère aromatique aérien (cerise et fraise mûres), touche de poivre et de fleurs des champs. Excellent prix. ***(*)/*****

L’ÉTIQUETTE DE VIN

Petit morceau de papier collé à la bouteille, l’étiquette constitue la carte d’identité du vin. Chacune d’elle a son histoire, évoquant une région, un millésime, un produit et des souvenirs. Surtout lorsqu’on reconnaît l’étiquette d’une bouteille débouchée à l’occasion de joyeux moments: mariages, anniversaires et autres événements heureux. L’étiquette représente alors une valeur sentimentale d’un passé qu’on cherche à retrouver. Ce petit bout de papier porte de nombreux messages. Quelquefois œuvre d’art, l’étiquette est la première étape de la dégustation visuelle. La seule vue d’une étiquette suffit en effet à exciter le nez, les papilles et l’imagination.

L’étiquette de vin transmet plusieurs informations: le nom du propriétaire, l’année de la récolte, l’origine du produit, le degré d’alcool, la contenance et plus encore. Encore faut-il savoir ce que signifient Pauillac, Douro, Spätlese, Montepulciano et j’en passe. La majorité des consommateurs achètent le vin selon la présentation et l’étiquette avec quelques fois des déceptions. Imaginez le douanier qui n’a qu’un passeport et une photo pour décider de votre destin pour les dix ou soixante-quinze prochaines minutes… N’y a-t-il pas quelques similitudes?

Une passion qui colle à la peau

Tout se collectionne, notamment les étiquettes de vin. Cela débute par la conservation, en guise de souvenir, d’étiquettes de crus bus. De l’accumulation de vignettes naît la «collectionnite» favorisée par les amis rapportant de belles bouteilles… vides, ou des boîtes pleines de ces témoins de verre.

L’œnophile devient oenographiliste. Il conserve toutes les étiquettes en les décollant des bouteilles vides. Les assoiffés espionnent le voisinage à partir du bac de récupération, écrivent aux viticulteurs et négociants ou lors d’un passage chez ceux-ci, font des provisions.

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Certains collectionneurs en possèdent jusqu’à 100 000, classées par région, par année, par thème, par couleur, alors que d’autres ne retiennent que les crus les plus prestigieux. Patience et passion, c’est la devise du collectionneur puisque l’oenographilie offre des possibilités qui semblent inépuisables.

Comment les décoller?

Mon expérience (je possède près de 140 000 étiquettes) permet de recommander divers moyens en débutant par le trempage dans l’eau chaude. Il suffit de laisser les bouteilles quelques minutes ou heures voire une nuit ou deux dans un seau, le lavabo ou le bain. Pour ce qui est des étiquettes autocollantes devenues de plus en plus populaires, on met la bouteille au four à 250°F pendant une dizaine de minutes en ayant pris soin de retirer la capsule qui recouvre le goulot. Puis, à l’aide d’un couteau ou d’une lame de rasoir, on soulève délicatement un coin de l’étiquette avant de la retirer avec soin. La colle étant coriace, on recolle le trésor sur une feuille de papier et on découpe le tout.

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