Vélib: le petit vélo en libre-service qui monte, qui monte

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Publié 14/10/2008 par Charles-Antoine Rouyer

Après de nombreux essais infructueux depuis plusieurs décennies – dont le fiasco des célèbres vélos blancs d’Amsterdam dans les années 1960 – le concept des vélos en libre-service semble connaître aujourd’hui un énorme succès, grâce notamment aux nouvelles technologies de l’information.

Ainsi, les «Vélib» de Paris ont soufflé leur première bougie cet été et vont s’étendre aux 30 communes de la couronne parisienne. Montréal vient de lancer pour sa part le 22 septembre dernier son projet pilote d’un concept similaire et qui devrait voir le jour l’an prochain. Les Bixi montréalais font d’ailleurs une visite promotionnelle à Toronto, le vendredi 24 octobre 2008.

Le principe des Vélib parisiens est fort simple. Pour un euro par jour (5 €/semaine ou 29 €/an), un usager peut retirer l’une des 16 000 bicyclettes du réseau dans 1 200 stations différentes. Arrivé à destination, il suffit de trouver une autre station et déposer son vélo. Le système informatique enregistre automatiquement la restitution de la bicyclette.

Un euro par jour

Plus alléchant encore, la première demi-heure de chaque emprunt de Vélib est gratuite. Il suffit donc de trouver une borne toutes les 25 minutes, disons, de déposer son vélo et le ressortir immédiatement, pour pédaler allégrement sur les 400 km de voies cyclables de la capitale, pour seulement un euro par jour.

La tarification des Vélib est destinée à encourager les courts trajets et maximiser la rotation des vélos. La première demi-heure supplémentaire vous en coûtera donc 1 €, la 2e, 2 €, la 3e, 4 €.

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Autre avantage, la totale liberté de laisser le vélo où bon vous semble et continuer à pied, puis reprendre un vélo plus loin.

Par exemple, vous voulez faire les quais de l’Île de la Cité à pied? Rendez-vous en bicyclette à la cathédrale Notre Dame, déposez votre vélo. Descendez quelques marches et allez admirer le coucher de soleil sur le Louvre depuis la pointe ouest de l’île. Remontez par le Pont Neuf et ses magnifiques visages sculptés dans la pierre et récupérez un vélo dans une autre station, ou allez flâner à pied dans les jardins des Tuileries!

Les vélos spécialement conçus pour le projet sont relativement confortables. Ils pèsent 22 kg et possèdent une bonne selle, trois vitesses au poignet, une lumière avant et arrière et un petit câble escamotable qui permet d’accrocher son vélo et de le verrouiller à l’aide d’une petite clé intégrée et amovible. Un panier devant le guidon avant permet de déposer son sac (et son plan de Paris!).

Il suffit d’une carte de crédit pour prendre un Vélib pour s’acquitter de son abonnement après avoir laissé un dépôt de 150 euros (mais attention, les cartes étrangères sans puce ne sont pas acceptées!) Un numéro est alors assigné, qu’il suffira de saisir dans chaque borne pour retirer un vélo.

Gros succès après un an

Côté bilan, sur les 16 000 vélos en service depuis le 11 juillet 2007, 3 000 ont été sérieusement endommagés et 3 000 ont disparu, explique la porte parole de JC Decaux, l’entreprise privée qui a mis en place le système. JC Decaux est le chef de file du mobilier urbain publicitaire en France et ailleurs dans le monde. Après un premier essai à Vienne en 2004, JC Decaux a peaufiné son système (dont de nouveaux vélos) à Lyon en 2005 (3 500 vélos et 340 bornes) pour ensuite obtenir le contrat à Paris.

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L’entreprise privée assure l’entretien des vélos et gère tout le système informatique. La ville de Paris touche les revenus des abonnements (estimés à 20 millions € pour 2008). En contrepartie de ses 1 400 espaces publicitaires de 2 m2 et 228 espaces de 8 m2 à Paris, JC Decaux a investi 90 millions € (ce qui couvre les vélos, les bornes et les panneaux publicitaires) et a breveté le système sous le nom de Cyclocity, chaque ville baptisant son service à sa guise.

L’expérience semble fort concluante, tant pour le partenaire privé que pour le partenaire public. Sans parler des usagers. En mai 2008, parmi les 205 000 abonnés et les 29 millions d’utilisations, le taux de satisfaction était de 94%. Le trajet moyen était de 18 minutes.

Les utilisateurs de Vélib sont majoritairement jeunes, moins de 45 ans (39% de 26-35 ans; 23% de 16-25 ans; 21% 36-45 ans). Les banlieusards représentent 33% des utilisateurs. La Ville de Paris va d’ailleurs étendre (à ses frais) l’infrastructure pour implanter ses stations dans les zones limitrophes des 30 communes de la couronne parisienne, à compter de 2009.

Pour 81% des utilisateurs, le Vélib a remplacé des déplacements effectués à l’aide d’un autre moyen de transport. La période de pointe pour les Vélib est de 18h à 20h (41% des usagers), puis de 7h à 9h et 20h à 22h (24%), suivi de près par les sorties en après-midi et les «fêtards» le soir (14h-18h et 22h et plus, 20%). 58 % d’hommes et 42% de femmes utilisent les Vélib.

Au 21 septembre 2008, les Vélib comptaient 39 millions d’utilisations, 226 000 abonnés. 20 600 bicyclettes devraient être en service d’ici la fin 2008. Le taux de réabonnement est de 70%: le Vélib parisien semble bel et bien dopé par l’engouement qu’il suscite.

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Le Bixi de Montréal

À Montréal, le système est baptisé Bixi (une contraction de bicyclette et taxi). La totalité du concept est de conception québécoise et comprend six brevets.

Les vélos Bixi de Montréal seront donc différents des Vélib parisiens. Spécialement conçus par le designer québécois Michel Dallaire, les Bixi seront tout en aluminium (un produit québécois!). Les stations seront elles aussi différentes. Elles seront notamment mobiles, simplifiant leur installation et leur localisation, permettant aussi d’être enlevées l’hiver pour le déneigement par exemple. Elles seront entièrement autosuffisantes par une alimentation électrique solaire et une connexion par réseau sans fil (Wifi). L’accrochage du vélo sera également entièrement différent.

Le projet pilote lancé le 22 septembre dernier comprend quatre stations (qui seront déplacées dans divers quartiers de Montréal) et 40 vélos. À terme, il devrait y avoir 
2 400 Bixi répartis dans 300 stations, dans les arrondissements du centre de Montréal, soit le plateau, Ville-Marie et la partie sud-ouest de la ville.

La première demi-heure du Bixi sera elle aussi gratuite. Il en coûtera ensuite 1,50 $, 3 $ et 6 $ respectivement pour les demi-heures suivantes. L’abonnement sera de 5 $ par jour (ou 28 $/mois et 78 $/an). L’organisme Stationnement de Montréal, un partenariat entre la Ville de Montréal et la Chambre de commerce, gèrera le système et a investi 15 millions $ pour lancer le projet. L’objectif financier avoué est de commercialiser le système dans d’autres grandes villes canadiennes et américaines, dont certaines ont déjà exprimé un fort intérêt.

Et les vélos jaunes de Toronto?

À Toronto, les vélos jaunes ont mis la clé sous la porte il y a plus de deux ans, à l’automne 2006, après avoir fonctionné pendant six ans. Le gestionnaire, le Toronto Community Bicycle Network (CBN), invoque laconiquement des difficultés de financement au volet de ses bailleurs de fonds.

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Rappelons qu’il en coûtait seulement 50 $ d’abonnement annuel pour utiliser gratuitement l’un des 150 vélos jaunes, pour des périodes consécutives de trois jours maximum. La majeure partie des vélos a été vendue ou donnée à des personnes à revenus modestes référés par les organismes public d’aide.

CBN a conservé trente vélos jaunes que l’organisme a commencé à louer cet été, pour 10 $ par jour. L’engouement a été tel que CBN songe à développer ce service.

En attendant, CBN a organisé une visite promotionnelle d’une station et quelques vélos du Bixi montréalais à Toronto, le 24 octobre prochain, au coin Nord-Est de l’intersection de la rue Bloor et de l’avenue Spadina à partir de 10h00.

Renseignements: www.velib.paris.fr; www.bixi.ca; www.communitybicyclenetwork.org ou 416-504-2918. À noter la naissance de la Toronto Cyclist Union, un groupe de pression pour défendre les droits des cyclistes à Toronto. Adhésion de 24 $/an (www.bikeunion.to).

Le volet parisien de ce reportage a été réalisé grâce à la participation de La maison de la France (www.franceguide.com) et de www. Raileurop.com .

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