Une vision commune malgré la distance

Ensemble ailleurs à l'Alliance Française

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Publié 05/02/2008 par l-express.ca

Ensemble ailleurs a rassemblé du 31 janvier au 2 février des artistes et théoriciens d’art contemporain. Trois institutions se sont retrouvées autour de visions communes: L’École des arts de l’image de l’Université Ryerson, l’École des arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et le studio Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains de Lille, représentés respectivement par Pierre Tremblay, Louise Poissant et Alain Fleischer.

C’est la troisième édition de cette rencontre artistique, la première ayant eu lieu en 2003 intitulée Nouvelles formes/nouvelles oeuvres et la seconde en 2006 sur le thème de la prolifération des écrans.

Pour la première fois, cette année, une institution française s’est jointe au projet. Ce n’est pas par hasard que le Studio national des arts contemporains a trouvé sa place dans cette rencontre artistique: des échanges d’étudiants ou de professeurs ont déjà tracé la voie de collaborations fructeuses.

Cette année, estampillée Ensemble ailleurs, la rencontre souhaitait mettre l’accent sur ce qui rapproche plutôt que sur ce qui éloigne. C’est ce qu’expliquait Alain Fleischer, directeur du Fresnoy, Studio national des arts contemporains à Lille: «Ce qui est intéressant, c’est de voir comment des choses communes peuvent rapprocher des gens géographiquement séparés. Malgré la distance, on se retrouve sur de mêmes territoires intellectuels et artistiques car nous partageons des perceptions communes sur l’art contemporain. Notre vision commune intègre beaucoup l’audiovisuel, de la photo à l’art numérique en passant par la vidéo, le cinéma expérimental…»

Pour le directeur du studio Le Fresnoy, il est essentiel d’échanger. À travers les échanges d’étudiants, il a d’ailleurs eu l’occasion de constater à quel point il est profitable d’accueillir des artistes d’ailleurs qui chaque fois, apportent avec eux leur propre vision, leur propre mode de travail.

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«Tous ces jeunes ont pourtant une certaine culture commune mais également des traits bien particuliers. Ainsi, les étudiants du Canada anglophone sont très bons en ce qui concerne les nouvelles technologies alors que les Français sont plus littéraires, plus à l’aise avec le cinéma. Les Québécois sont peut-être plus proches de l’état d’esprit européen.»

Pendant une semaine, la biennale a donc permis à de nombreux artistes d’échanger leurs points de vue sur des problématiques liées à l’art contemporain. Mais à la veille de cette biennale, les attentes de ses instigateurs, notamment d’Alain Fleischer, dépassaient l’aspect théorique de la rencontre: «Les colloques c’est bien, mais cela reste très théorique, très intellectuel. Ce qui est encore plus important, c’est de passer à l’acte, c’est le brassage d’idées qui générera des oeuvres, des échanges.»

Quel sera l’avenir de ce colloque? «On souhaiterait que la biennale se tienne à Lille pour sa prochaine édition en 2010, espère Pierre Tremblay, professeur à l’Université Ryerson. Mais on ne souhaite pas que cela devienne trop gros en intégrant d’autres écoles car c’est un projet très lourd à monter!»

C’est dans le cadre de ce projet qu’Anna-Katharina Scheidegger, du studio Le Fresnoy, a pu présenter une partie de ses oeuvres dans la galerie de l’Alliance Française. Inaugurée jeudi dernier, l’exposition Hautes Altitudes nous emmène dans les montagnes suisses, à la frontière italienne. Perdus dans la montagne grise et hostile, des constructions humaines, sortes de blockhaus, s’insèrent étrangement dans le paysage. Il s’agit de vestiges de constructions de l’armée, réalisées pendant la seconde guerre mondiale.

«Ce sont des photos où l’on perd l’échelle, explique l’artiste. Je voulais confronter le spectateur à un mur et mettre en avant cet aspect du déchirement, de la lutte: comment l’homme peut-il se servir de la montagne et survivre dans un tel environnement?»

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Pour Anna-Katharina Scheidegger, les photos qu’elle présente à l’Alliance représentent aussi «toutes les raisons qui [lui] ont fait quitter la Suisse, comme le sentiment d’étouffement, l’impression d’avoir un mur en face de soi.»

Alors que le directeur de l’Alliance française, Jean-Claude Duthion présentait cette exposition comme l’une des plus belles accueillies dans la galerie, Alain Fleischer caractérisait cet ensemble de photos comme «de la photo à l’état pur, où perce une excellence tant artistique que technique».

Bien qu’ayant suivi une formation en vidéo, Anna-Katharina Scheidegger s’est vite tournée vers la photographie pour en faire son art de prédilection. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des projets très divers: autre projet photographique sur la montagne, réalisation de documentaire, projet de film élaboré à partir de photographies…

Prochaine étape de son parcours artistique: passer de l’argentique au numérique.

Mais cette dernière technologie ne l’attire pas encore: «Avec le numérique, tu es tenté de prendre beaucoup de photos, en pensant qu’il y en aura bien une de correcte dans le lot alors qu’avec l’argentique, tu es bien obligé de réfléchir avant d’appuyer sur le bouton!»

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L’exposition Hautes altitudes sera visible à la galerie de l’Alliance française jusqu’au 7 mars.

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