La Franco-Ontarienne Marie Gingras publie son premier roman qui s’intitule Anatomie d’un suicide et autres mensonges. Écrivaine à ses débuts, elle pratique sa profession de psychologue depuis longtemps et peut-être s’est-elle inspirée de son parcours professionnel pour brosser le portrait d’un homme introspectif et analytique «au boutte», résolu à s’enlever la vie. Pas tout de suite. Il a d’abord plusieurs choses à vous raconter.
Cet homme de 50 ans vit à Ottawa et, au printemps 2007, il décide de poser le geste irréparable. Une invitation sous-tend sa démarche: lecteurs et lectrices sont priés de le suivre dans son récit d’enfant mal aimé, d’adolescent désabusé, d’adulte tenaillé par l’angoisse, d’homme qui devient, presque malgré lui, le héros de son propre roman.
«Que vous le vouliez ou non, nous sommes maintenant partenaires dans toute cette histoire, enfin, jusqu’au moment où vous déciderez d’arrêter de jouer» (de fermer le livre).
L’homme rédige ses carnets autobiographiques et s’adresse régulièrement à ceux et celles qui le lisent: «Vous êtes encore là? Eh bien, tant pis pour vous. Je vous averti, les choses ne vont pas aller en s’améliorant.» Il a déjà raconté comment il n’a jamais été doué pour le bonheur et comment la vie est «une longue digression entre la naissance et la mort».
Il a noirci des pages et des pages sur sa difficile socialisation avec les autres écoliers et a consacré tout un chapitre à la masturbation. Il a décrit ses furtives conquêtes féminines et a raconté comment et pourquoi il est devenu traducteur. Il n’a pas oublié de mentionner qu’il passait tout son temps à se sauver: «de mes collègues, de ma solitude, de ma mère, de mon appartement, de moi-même, de mes thérapeutes, de mes angoisses, de ma blonde du moment…»