Une ultime aventure de Sherlock Holmes

«Vous voyez, Watson, mais vous n’observez pas!»

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Publié 21/08/2012 par Paul-François Sylvestre

Avec l’accord des ayants droit d’Arthur Conan Doyle, le romancier anglais Anthony Horowitz a ressuscité brillamment, pour une ultime aventure, le légendaire locataire du 221b Baker Street: Sherlock Homes. Son roman s’intitule La Maison de Soie et le narrateur est ce cher Watson… qui voit tout sans nécessairement tout observer.

Le docteur John Watson se montre aussi assidu dans ses obligations de biographe que Sherlock Holmes l’est à mener ses enquêtes. «C’est peut-être pour cela que notre association marchait aussi bien.» Leur ultime association a lieu à Londres, en 1890, où richesse et pauvreté vivent malaisément côte à côte.

Watson a gardé secret cette dernière aventure de Sherlock Holmes, mort un an auparavant, car elle s’avère aussi terrifiante que dévastatrice. Tout au long du roman, on va de découvertes en découvertes, de dangers en dangers, de mystères en mystères.

L’affaire est en effet assez complexe et, aux yeux de Watson, le fameux détective complique les choses par exprès. «C’est comme si vous aviez besoin que le crime relève le défi, comme s’il fallait qu’il soit assez original pour valoir la peine d’être élucidé.»

Tout commence avec l’achat d’oeuvres d’art, expédiées depuis Londres jusqu’à Boston. La livraison se complique, un voyou meurt, son soi-disant jumeau fait surface à Londres, un cambriolage s’ensuit… et voilà que notre fin limier doit s’armer et se lancer à la poursuite d’une organisation criminelle qui, pour l’instant, a déjà commis le meurtre, la torture, l’enlèvement et le détournement de la Justice.

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Le plus curieux dans toute cette affaire, c’est que Sherlock Holmes prend de terribles risques et finit par être arrêté, accusé du meurtre d’une jeune fille et mis en prison. Les preuves sont accablantes, presque irréfutables. Je dis bien «presque», car vous savez que le locataire du 221b Baker Street en a déjà vu d’autres!

Premièrement, Holmes sait qu’on ne peut découvrir le fond d’une affaire complexe sans prendre des risques. Deuxièmement, pour le célèbre détective, tout est intellect, pas de divination. Troisièmement, il sait se révéler formidable quand tout se ligue contre lui.

Le mystérieux frère aîné du détective, Mycroft Holmes, fait une apparition dans cette nouvelle aventure, exhortant Sherlock à se tenir loin de la «Maison de Soie»,… qui n’est rien d’autre qu’un antre dont les tentacules prennent en piège de grands commerçants, des ministres, des hauts fonctionnaires de la police, voire des membres de la noblesse.

La Maison de Soie serait-elle un lieu conçu pour des hommes avec une grossière perversion et assez de richesse pour se le permettre…?

Dûment prévenu, clairement averti, Sherlock Holmes s’aventure tout de go «dans l’antre de la méchanceté. Du mal n’allait pas tarder à en résulter, et de la pire des façons.» Loin de moi l’idée de vous révéler le dénouement de cette intrigue qui a su me tenir en haleine pendant 360 pages.

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Je préfère vous dire que La Maison de Soie adopte un style littéraire inattendu puisque l’auteur imite avec justesse les romans du XIXe siècle, préférant les phrases plus longues aux phrases courtes des styles actuels.

Voici comment, par exemple, Anthony Horowitz décrit le brouillard londonien: «Le brouillard, épais et jaune, se déployait dans les rues en étouffant tous les bruits. Il me semble ignoble, pareil à un animal cruel reniflant dans les ténèbres la trace de sa proie, et à mesure que nous avancions, c’était comme si nous allions nous placer nous-mêmes entre ses mâchoires.»

Le romancier a aussi l’art de truffer son récit de fines réflexions, dont celle-ci qui est malheureusement d’une justesse déconcertante: «L’enfance, après tout, est le premier bien précieux que la pauvreté vole à un enfant.»
Il écrit plus loin que, selon un mathématicien (et criminel), «le crime dans sa forme la plus pure est abstrait, comme la musique. Je compose et j’orchestre. D’autres jouent la partition.»

J’ai pris plaisir à lire cette nouvelle aventure de Sherlock Holmes et je dois maintenant décider si La Maison de Soie figurera parmi mes coups de cœur de 2012… Chose certaine, il vaut vraiment la peine de jouer ce jeu assez bluffant.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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