La Chambre d’ambre, une pièce d’art bien étrange

La chambre d'ambre, une merveille du monde.
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Publié 01/09/2019 par Gabriel Racle

C’est une pièce d’art étrange – disparue, puis reconstituée – que ce Cabinet d’ambre ou cette Chambre d’ambre, cadeau du roi de Prusse au tsar de Russie en 1716. Son caractère unique tient à la décoration tout à fait unique obtenue par l’utilisation de l’ambre.

L’ambre est une oléorésine sécrétée par des conifères il y a des millions d’années et qui s’est fossilisée. C’est une substance solide grise ou jaune, que l’on peut utiliser pour faire des objets décoratifs, perles, colliers, médailles. Mais son utilisation décorative la plus insolite est celle de la Chambre d’ambre.

La chambre d’ambre.

Agitation en Europe

À l’époque qui nous intéresse, la Prusse est un État européen bordé

au nord par la mer Baltique et ayant notamment pour voisin l’empire russe.

De 1701 à 1918, la Prusse existe comme royaume, mais à cette époque règne une grande agitation, même armée, dans cette partie de l’Europe de l’Est.

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La direction de la Russie est assurée d’abord conjointement par les deux fils du tsar Alexandre Ier (1629-1676), Ivan V jusqu’à la mort de celui-ci en 1696 et Pierre qui gouverne seul et devient empereur en 1721.

Le tsar Pierre Ier de Russie, dit Pierre Le Grand (1672-1725).

Pierre Ier

Ce fils est un souverain très actif. En 1687-1698, Pierre voyage en Occident et se rend compte du retard culturel et social de son pays. Par ailleurs, en 1700, la Russie, alliée au Danemark et à la Pologne, entre en guerre contre la Suède du jeune Charles XII.

Les Suédois s’étaient emparés de territoires russes des rivages de la mer Baltique 50 ans auparavant. Pierre voulait laver ce qui était pour lui un affront. De plus, la région occupée constituait un obstacle pour le tsar qui rêvait de faire de la Russie une puissance navale.

Après des échecs militaires, l’armée de Pierre Ier finit par écraser l’armée suédoise et la Russie s’empare de la région balte qui lui donne accès à la mer.

La chambre d’ambre: perspective.

Un impôt sur la barbe

À l’intérieur, Pierre bouscule toutes les traditions établies depuis des siècles. Mais c’est le Sénat russe qui lui octroie la première grande réforme lorsque le 2 novembre 1721 il lui accorde le titre d’«Empereur de toutes les Russies», qui remplace celui de tsar.

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Il est rapidement reconnu comme tel par les rois de Pologne, de Prusse et de Suède. Pierre commence à réformer la Russie dès le début de son règne, poussant le pays vers la modernité.

Il ne saurait être question de mentionner ici toutes les réformes entreprises par Pierre Ier. Voici un exemple curieux rapporté sur Wikipédia: «L’un des exemples les plus significatifs des réformes de Pierre pour abolir les anciennes coutumes, fut l’instauration en 1704 d’un impôt spécial sur le port de la barbe, considérant que celle-ci était un signe rétrograde.»

Frédéric II, roi de Prusse (1712-1786).

La Chambre d’ambre

C’est dans ce contexte tumultueux qu’en 1716 le roi de Prusse, Frédéric II, dit Frédéric le Grand, offre La Chambre d’ambre à Pierre Ier, qui a créé Saint-Pétersbourg et fait de cette nouvelle ville la capitale russe.

Ses raisons sont sans doute politiques: s’associer avec la Russie, éviter une conquête et une annexion.

C’est une pièce aux murs recouverts d’éléments sculptés dans de l’ambre jaune. C’est au palais Tsarskoïé près de Saint-Pétersbourg que les panneaux sculptés de cette pièce ont été installés.

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Cette pièce unique au monde, plusieurs fois rénovée, avait une surface de plusieurs mètres carrés et contenait plus de six tonnes d’ambre fossile, extrait des rivages prussiens de la Baltique.

Vue d’angle de la Chambre d’ambre.

Démontée et transportée par les Allemands

Lors de la Deuxième Guerre mondiale, les troupes allemandes prirent le palais.

Sur ordre d’Hitler, la pièce laissée par les Soviétiques, qui ne savaient pas comment la transporter, a été démontée en 36 heures par les Allemands, mise en caisses et transportée, et même exposé en partie à Königsberg en 1941.

Mais la Chambre d’ambre a disparu avec la fin de la guerre et nul ne sait ce qu’elle est devenue. Il n’y a que des hypothèses.

Autre vue de la Chambre d’ambre.

Reconstitution

Une reconstitution de la Chambre d’ambre a commencé en 1976, s’inspirant essentiellement de photos en noir et blanc de l’original, ainsi que de la seule photo en couleur disponible.

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La Chambre d’ambre, un roman de Jérôme Bucy, Belfond, 287 pages, 2008.

La Chambre d’ambre, un salon de 100 m2 aux panneaux muraux recouverts d’ambre du XVIIIe siècle disparus depuis 1945 après démontage par les Nazis, a été finalement reconstituée à Tsarskoïé Selo (ancien nom de Pouchkine), près de Saint-Pétersbourg. Les travaux de restauration auront demandé 11 millions $ et 6 tonnes d’ambre.

Dans le cadre du tricentenaire de Saint-Pétersbourg, la Chambre d’ambre reconstituée a été ouverte au public le 31 mai 2003, lors d’une cérémonie inaugurale présidée par le chancelier fédéral allemand Gerhard Schröder et le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine.

La reproduction de la Chambre d’ambre a été présentée à Paris en 2017, à la résidence de l’ambassadeur de Russie en France.

L’estimation actuelle de l’authentique Chambre d’ambre va de 142 millions $ (2007) à 500 millions $ (2016).

Le mystère de la chambre d’ambre, au palais de Tsarskoïé Selo.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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