On vous a sans doute raconté la légende de la Chasse-Galerie, mais peut-être pas de façon aussi audacieuse que le fait René Bonnière dans Le miracle de la Chasse-Galerie. Il mêle allègrement le rêve au réel, l’Histoire au fantastique. Il fait côtoyer des avironneurs intrépides, des membres des Premières Nations, des Filles du Roy, des villageois de «Neufve-France» et même le roi Louis XIV.
Selon la légende, des voyageurs tombent dans les griffes de Satan un soir de pleine lune. Le diable leur offre «de faire voler leur canot jusque chez eux, de revoir leurs enfants, de retrouver la douceur d’une nuit avec leurs femmes qui seraient tellement heureuses de leur faire l’amour».
En retour, les voyageurs perdent leur âme s’ils profanent le nom de Dieu, s’ils boivent de l’alcool ou s’ils endommagent les biens de l’Église.
Le récit de René Bonnière débute à Montcormier, en Neufve-France. Nous sommes en l’an 1682. Le curé voit le diable partout et tient toujours à la main un goupillon pour asperger ses ouailles d’eau bénite.
Les villageoises trouvent qu’un homme est bien utile et parfois même agréable, «mais il n’y a qu’avec une femme qu’on peut placoter et, dans l’isolement de ces villages, placoter est bien plaisant».
Bonnière ne placote pas, il imagine, il invente, il s’amuse à jongler avec les mots pour rendre son récit truculent. Il écrit, par exemple: «Va donc argumenter ça avec le Malin, tu auras autant de succès qu’à faire péter un caribou mort.»