Une bouteille à la mer, un pont entre deux camps

Festival du film juif de Toronto

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Publié 01/05/2012 par Guillaume Garcia

Lorsque Tal demande à son frère, militaire israélien, de jeter une bouteille contenant un message sur les rives de la mer de Gaza, elle pose en même temps les fondations d’un pont entre deux civilisations qui ne se parlent guère. Entre attaques-suicide et bombardements de riposte, les deux peuples s’insultent et se rejettent la faute. Malgré tout, les histoires malheureuses laissent parfois entrevoir des rayons de lumière. C’est le propos du film Une bouteille dans la mer de Gaza projeté au Festival du film juif de Toronto les 3 et 7 mai prochains.

Inspiré du roman Une bouteille dans la mer de Gaza de Valérie Zenatti, le film (franco-canado-israélien) du même nom réalisé par Thierry Binisti nous plonge dans la vie de Tal (Agathe Bonitzer), Française de naissance et de culture, qui a émigré avec ses parents vers la terre promise et Jérusalem. Son frère termine son service militaire de trois ans dans la bande de Gaza quand il se voit confier la mission de lancer un message à la mer de la part de sa sœur.

L’image de la bouteille à la mer a fait rêver des générations d’aventuriers mais là, l’aventure est très réelle. De jeunes garçons palestiniens récupèrent la bouteille et découvrent le message qu’elle renferme. Tal, jeune israélienne qui ne se reconnaît pas dans cette guerre de religion, souhaite en savoir un peu plus sur la personne qui lira le message.

Quelques jours plus tard, elle reçoit trois courriels de réponse. Deux d’entre elles ne sont que des attaques contre Israël mais la dernière retient son attention. Dans sa lettre, Tal demandait comment des gens pouvaient-ils en arriver à s’harnacher dans une ceinture d’explosifs, regarder leurs futures victimes, savoir que tous vont mourir mais tout de même se faire sauter en public.

Gazaman (Mahmoud Shalaby) lui répond que c’est très simple et qu’il aimerait lui montrer!

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Ces premiers échanges s’apparentent à un round d’observation. Chacun campe sur ces positions unilatérales mais ils continuent tout de même de s’écrire, en laissant leurs amis et leur famille dans le secret de cette correspondance.

À travers ces deux personnages que l’on suit de manière parallèle, on comprend le gouffre qui sépare des peuples parfois si proches géographiquement. Tal, en surfant sur Internet, se rend compte que seuls 75 km séparent Jérusalem de Gaza. Cette distance, à la fois proche et si lointaine, symbolisée par un mur de béton entre les humains, se fait littéralement transpercer par le contenu des courriels entre Tal et Gazaman.
Elle va à l’école, possède un ordinateur portable, un cellulaire et s’habille à la mode. Lui subit la guerre de plein fouet. Son père est mort à l’hôpital où il travaillait pendant des bombardements, les routes de son village sont détruites et il gagne sa vie en livrant des tee-shirts pour son oncle. Il ne peut même pas rêver d’ailleurs, sa vie sera à Gaza où ne sera pas.

Il est enfermé et même ses correspondances lui apportent des soucis avec ses compatriotes.

S’il tente de défendre son peuple en assénant à Tal les méfaits que les Israéliens leur font subir, Gazaman ne peut réprouver son attirance vers celle qui tente de le comprendre malgré une humanité qui veut les séparer. Il apprend qu’elle n’est pas Israélienne de naissance, mais Française. Cela ne change pas grand-chose, mais dans un monde où les clichés sont attachés à un nom en particulier, que ce soit Israël ou Palestine, ôter le mot fâcheux et le remplacer par Français change toute la donne.

Entre temps, les bombardements reprennent et Gazaman devient Naïm au gré d’un courriel. La relation devient plus honnête et Naïm explique à Tal qu’il suit des cours de français au centre culturel français de Gaza.

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La guerre revient hanter les deux correspondants en même temps qu’un mélange d’amour, de curiosité et de compassion grandit dans le cœur de chacun d’entre eux.
La frontière de béton commence à se fissurer sous le poids de l’humain. L’homme est plus fort que ce qu’il construit. Il ne reste plus qu’un dernier rempart à franchir pour être libre et on vous laisse découvrir si l’humain sera plus fort que les hommes.

Le TJFF a lieu du 3 au 13 mai.

Auteur

  • Guillaume Garcia

    Petit, il voulait devenir Tintin: le toupet dans le vent, les pantalons retroussés, son appareil photo en bandoulière; il ne manquait que Milou! Il est devenu journaliste, passionné de politique, de culture et de sports.

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