La Nef, compagnie de création et de production œuvrant dans les musiques anciennes, sera à Toronto dès vendredi pour nous offrir deux concerts uniques, qui mettent en valeur les œuvres du grand luthiste et chanteur de l’époque élisabéthaine, John Dowland (1563-1626), considéré comme le premier grand compositeur anglais.
Dowland a fait de grandes études en musique à Oxford et à Cambridge, mais ne réussira pas dans sa jeunesse à obtenir une situation de musicien à la cour d’Angleterre. C’est un homme qui a aussi beaucoup voyagé à travers l’Europe, et sa musique sera marquée par les influences des nombreux pays qu’il a visités. Il est passé par la France, les cours de Brunswick et de Hesse (Allemagne), l’Italie (où il se lie avec le grand madrigaliste Luca Marenzio) et à nouveau l’Allemagne, avant de se fixer pendant huit ans (1598 à 1606) au Danemark comme luthiste de la cour. De retour en Angleterre, c’est finalement en 1612, qu’il sera engagé au service du roi Jacques 1er et passera les quatorze dernières années de son existence à son service et à celui de son successeur, Charles Ier.
Si on ne connaît pas le lieu exact de sa mort, on ignore également s’il naquit en Angleterre ou en Irlande. Comment expliquer le mystère entourant ses origines?
En entrevue à L’Express, Sylvain Bergeron, co-fondateur de La Nef (1991), spécialiste du luth, du théorbe et de la guitare baroque explique: «En explorant quelques pistes identitaires, on découvre d’une part que Dowland était catholique, il détenait aussi un diplôme honorifique du Trinity College de Dublin, et avait dédié une de ses chansons à un marchand de Dublin, en qualifiant ce dernier de “bien-aimé compatriote”, et puis le nom Downland a une consonance irlandaise…alors nous comme musiciens on a saisi l’affaire au vol, et on a décidé de s’approprier certaines pièces du répertoire de ce grand luthiste pour leur donner une saveur tout à fait celtique.»
L’œuvre musicale de Dowland comprend des chants accompagnés au luth, des psaumes, des œuvres pour luth solo et pour ensemble de violes avec accompagnement de luth, dont la plus célèbre intitulé Lachrimae (Sept Larmes, 1604), mais ce compositeur de la fin du XVIe et du début du XVIIe siècle est principalement connu pour ses quatre livres d’Ayres. Les Ayres de Dowland (interprétation vocale généralement accompagnée au luth) ont un caractère triste et mélancolique. Les musiciens de La Nef se sont donc amusés à dépouiller certains de ces Ayres, pour leur donner une certaine légèreté et de l’ allégresse.