Professeur d’histoire du Canada et du Québec au Collège universitaire Glendon, Roberto Perin a récemment publié Ignace de Montréal: artisan d’une identité nationale. Cet ouvrage n’est pas une biographie de Mgr Ignace Bourget, deuxième évêque de Montréal (1840-1876), mais plutôt un repositionnement de celui qui fut une figure centrale dans l’histoire du Québec, une sorte de lien entre l’époque de la Rébellion et celle de la Révolution tranquille.
Les historiens ont été durs à l’endroit de Mgr Ignace Bourget (1799-1885). Plusieurs lui ont reproché son autoritarisme, son étroitesse d’esprit, sa mesquinerie et «son attachement à une idéologie opposée aux valeurs du monde moderne, refermée sur elle-même et pernicieuse». L’évêque de Montréal était de son époque, mais on aurait voulu qu’il soit de notre temps. Le professeur Perin tente de remettre les pendules à l’heure.
Né d’une thèse de doctorat soutenue il y a plusieurs années, son livre se veut avant tout une réflexion sur l’épiscopat d’Ignace Bourget et sur sa signification pour l’histoire du Québec et du Canada. L’auteur explique d’abord comment Bourget tire parti du vide politique, idéologique et même identitaire créé par la répression des Patriotes pour proposer un modèle d’identité nationale. Ce modèle clame haut et fort que «dorénavant le Canadien français sera nécessairement catholique».
Le professeur Perin tourne ensuite son regard sur la pléiade d’institutions mises sur pied par l’Église pour créer «l’ossature de la nouvelle culture canadienne-française». Mgr Bourget fait venir une kyrielle de communautés religieuses qui acceptent toutes de diriger qui un collège, qui un hôpital, qui un institut. Le paysage architectural du Québec ne tarde pas à refléter la nouvelle identité franco-catholique: églises, collèges, couvents, etc.
Aux yeux de Bourget, la sauvegarde et l’expansion de la culture canadienne-française reposaient en grande partie sur les institutions dirigées par les communautés religieuses.