Il y a deux semaines, j’abordais dans ces pages la question des «s» euphoniques. Les lettres euphoniques sont des lettres qui sont ajoutées à une forme verbale pour éviter un hiatus, c’est-à-dire le contact de deux voyelles. J’avais déjà annoncé le sujet de la présente chronique: après les «s» euphoniques, il fallait s’attaquer aux «t» euphoniques. Chose promise, chose due.
Un bref rappel s’impose. Une collègue me demandait s’il fallait mettre un «s» au verbe à l’impératif dans une formulation avec le pronom «en». Comme dans «manges-en», par exemple. Sur le plan de la conjugaison, les verbes à la deuxième personne du singulier de l’impératif présent ne devraient pas prendre de «s» final. Mais pour des raisons d’ «euphonie», ou pour éviter un hiatus, on ajoute un «s». La règle est assez simple. Pour la lettre «t», la situation est différente. Les «t» euphoniques sont souvent insérés dans une forme verbale. Et séparés par des traits d’union. On n’a qu’à penser à «va-t-il arriver» ou à «ta montre fonctionne-t-elle?».
La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française nous apprend que le «t» euphonique, que l’on appelle aussi «t» analogique, est ajouté entre le verbe et un pronom sujet de troisième personne, comme «il », «elle» et «on» lorsqu’il y a inversion de ce verbe et de ce sujet. Qu’ont en commun ces pronoms personnels? Ils commencent tous par une voyelle. Et c’est encore une fois pour des raisons purement «sonores» qu’on ajoute ainsi un «t» sans véritable fonction grammaticale.
Les inversions où l’on peut voir apparaître un «t» euphonique sont surtout produites dans une structure interrogative ou dans une phrase incise. L’ajout de cette consonne incongrue se fait uniquement lorsque le verbe se termine par un «e» muet ou par un «a», de même qu’avec les verbes vaincre et convaincre. Un trait d’union précède et suit le «t» euphonique.
Des exemples? «Va-t-on au cinéma ce soir?» Ou encore : «Travaille-t-il aujourd’hui ?» Ce sont là des formes interrogatives qui exigent l’insertion d’un «t» euphonique. Pour ce qui est des phrases incises, on peut penser à des trucs comme: «Le bilan de l’année 2008 sera déposé, a-t-il dit, une fois que le vérificateur aura terminé son travail.» Ou bien: «Le pire, ajouta-t-elle, c’est que je ne le connais même pas».