Un roman somptueux, sanglant et décadent

Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/03/2012 par Paul-François Sylvestre

Connu pour ses quatre romans de la collection «Les reines tragiques» (Marie Stuart, Marie-Antoinette, Sissi et Victoria), le journaliste québécois Danny Saunders vient de publier un passionnant roman sur La Dynastie Borgia. Toute l’intrigue est centrée sur l’ascension de Rodrigue Borgia au trône de saint Pierre. D’une page à l’autre, on voit comment l’attrait du pouvoir papal peut métamorphoser un cardinal «en véritable mercenaire du vice».

L’histoire commence en 1492, à la mort du pape Innocent VIII. Rodrigue Borgia, cardinal depuis 36 ans, estime que le trône de saint Pierre doit lui appartenir coûte que coûte.

«Le cardinal aurait recours à toutes les manœuvres inimaginables pour porter la tiare de la chrétienté.» Il croit fermement que toutes ses manigances, même les plus meurtrières, sont autorisées par Dieu.

«À aucun moment, il n’avait pensé autrement. Il se croyait pardonné pour ses crimes abominables.»

Plusieurs de ces crimes sont commis par son fils César. Rodrigue Borgia a plus d’une maîtresse, mais l’une d’elles est plus officielle, car elle lui a donné un fils et une fille.

Publicité

César, 16 ans, est évêque d’Albano mais ne s’occupe pas de son diocèse, car il est trop occupé à mener les basses œuvres de son père.

Lucrèce, 12 ans, doit aussi servir les intérêts de son père, même si cela en fait «la putain de l’Église de Rome», en attendant de devenir «le plus précieux joyau de la tiare papale».

Une large part de l’action se déroule à Rome, dans les coulisses de la Basilique Saint-Pierre. Plusieurs cardinaux ont des maîtresses, bien que certains personnages préfèrent des mignons.

Trois cardinaux se disputent la succession au trône de Saint Pierre. Les couteaux volent bas, peu importe le nombre de commandements des Saintes Écritures qu’il faut bafouer.

Ce qui fait dire à l’auteur que «des rats, même habillés de rouge, n’en demeurent pas moins des rats.»

Publicité

Pour acheter les votes des membres du Sacré Collège lors du conclave, les aspirants au trône doivent obtenir l’appui de certains monarques qui dictent ensuite l’issue du scrutin. Et quand la lutte devient serrée, il faut parfois poser des gestes immoraux.

Lorsque la maîtresse officielle et mère des enfants de Rodrigue Borgia demande s’il est nécessaire d’assassiner un ennemi, le cardinal répond: «Pourquoi me satisfaire de les effrayer alors que je peux les éliminer?»

Dans ce roman, il est souvent question du sexe faible et du sexe fort. Il y a même des soirées entre hommes («saisissez-vous?»).

Le fils du cardinal est un beau jeune homme musclé… qui doit coucher avec un informateur efféminé pour obtenir un précieux renseignement.

La couverture du livre présente le portrait d’un prince de l’Église de belle allure. Pourtant, Rodrigue Borgia souffre d’un «embonpoint presque morbide», au point où le ne peut fournir le moindre effort physique. Il ne manque pas pour autant de maîtresses.

Publicité

Le péché de la chair ne figure pas dans son vocabulaire. Il n’hésite pas à dire à sa fille de 12 ans que «Dieu vous a donné un corps afin de pouvoir en profiter. Ce n’est que le souhait du Tout-Puissant.»

La Dynastie Borgia décrit la Rome pontificale du XVe siècle. Ambition, manipulation et corruption, concurrence, puissance et vengeance, voilà autant de facettes que Danny Saunders fait ressortir dans un roman somptueux, sanglant et décadent.

Danny Saunders, La Dynastie Borgia: l’ascension du pape, roman, Montréal, Les Éditeurs réunis, 2012, 344 pages, 24,95.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur