Le tout dernier roman de Didier Leclair, Un ancien d’Afrique, nous plonge dans le «pas politiquement correct» par le biais d’aventures louches en milieu diplomatique. En filigrane, l’ouvrage pose un regard parfois critique sur Toronto et le Canada. Le tout sur une toile de fond assez sombre, le génocide au Rwanda.
L’ancien d’Afrique en question est Éric Bourin, diplomate qui fut en poste à l’ambassade de France au Rwanda quand débuta le génocide des Tutsis, en 1994. Il est maintenant chargé de missions pour le livre et les échanges intellectuels au consulat français à Toronto.
Son patron qualifie la Ville Reine de merdique: «Les gens sont froids, le premier ministre parle un français médiocre et la nourriture manque de subtilité comme les habitants.»
Dans le cadre de son travail, Éric Bourin organise un concours de français – dictée et dissertation – «pour faire briller son pays et montrer l’intérêt que la France accorde à la littérature, même chez des incultes canadiens». Pour le thème de la dissertation, le consul ne veut rien savoir du multiculturalisme – les Français sont Français, pas multiculturels – mais le palmarès des lauréats, lui, aura tout ce qu’il y a de plus multiculturel…
En lisant ce roman, on a l’impression que l’auteur a déjà travaillé dans un consulat ou une ambassade. Sa plume ne cherche pas à être diplomate, elle crée plutôt des atmosphères qui nous enivrent et nous ensorcellent. Chaque personnage «a affaire à plus vipère que lui».