Un roman hors des sentiers battus

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Publié 25/10/2011 par Paul-François Sylvestre

Afrique du Sud, Sierra Leone, Guinée, Libéria, Angola, Tchad, Botswana, Congo et… Canada. Voilà les pays où l’action de Pars, Ntangu! se déroule. On navigue allègrement entre Shenge, Cape Town, Freetown, Forécariah, Luanda et… Ottawa. Aurélie Resch a vraiment concocté un roman hors des sentiers battus!


Même si les lieux d’action sont nombreux, les personnages principaux demeurent assez limités. Il y a Onika et son fils Ntangu, de Sierra Leone, le major Joseph Kent et la docteure Béatrice Archambaud, du Canada.


Onika et ses deux enfants sont les victimes de la guerre en Sierre Leone et le roman peint avec brio le cheminement de ces êtres qui veulent éviter de rejoindre «tous ceux dont la perte d’un être cher a rendus fous».


Dès le début du roman, l’auteure décrit l’attaque sauvage dont Onika et ses deux enfants sont victimes. Écrasée par un coup de mitraillette, la mère ne peut secourir Sema: «un canon qu’on plante dans son jeune ventre et la déflagration qui soulève légèrement le corps de sa fille.


Le petit corps qui retombe inerte. Les yeux de Sema ne se sont pas fermés et restent braqués sur [Onika], agrandis par l’effroi.» Le fils, lui, est soulevé et balancé sans autre façon à l’arrière d’une jeep. Le Front révolutionnaire uni en fera-t-il un enfant soldat…?


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Dans les cinq ou six premiers chapitres, le rythme est très saccadé. Aurélie Resch écrit: «Ils veulent sa peau. Lui, de l’argent. Beaucoup, énormément. Assez pour partir. Loin, très loin.» Ce n’est qu’un exemple, mais je crois qu’il illustre bien ce procédé littéraire. Le rythme devient plus lent dans les autres chapitres, sans doute pour faire durer le suspense.


Car vous vous doutez bien qu’Onika va chercher son fils dans plus d’un pays. Sa route va d’abord croiser celle de la docteure Archambaud, au service d’une ONG en Afrique, puis celle du major Kent. Elle va même la conduire à Toronto, puis à Ottawa.


Tout le roman est un chassé-croisé d’un pays à l’autre, d’un continent à l’autre. Les cinquante-trois chapitres sont courts. Très courts. Lourds d’indices. De pistes.


Le lecteur qui connaît bien Ottawa ne sera pas surpris d’y voir mentionné le canal Rideau. Il est même question de la boulangerie Le Moulin de Provence au Marché By. Mais Ottawa fait surtout figure de ville morte. Jugez-en par vous-mêmes: «Ottawa, la capitale du Canada: une ville tranquille […] comme un cimetière. Paisible et fleurie.»


L’action du roman se déroule entre 1998 et 2005. Pas étonnant, donc, qu’on y mentionne la chute des tours du World Trade Center, le 11 septembre 2011. Mais ce qu’il faut surtout retenir de Pars, Ntangu!, c’est que l’Afrique demeure d’abord et avant tout un «continent abandonné des dieux depuis trop longtemps».


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Afrique du Sud, Sierra Leone, Guinée, Libéria, Angola, Tchad, Botswana, Congo, autant de pays qui sont le théâtre de violences, de viols et de vols!


Pars, Ntangu! Est un roman enlevant qui promène le lecteur de l’Afrique au Canada en laissant entrevoir les dessous des guerres fratricides qui marquent le continent africain.


Aurélie Resch, Pars, Ntangu!, roman, Ottawa, Éditions David, coll. Voix narratives, 2011.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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