Couronné en 2004 par le prestigieux Booker Prize, La Ligne de beauté est considéré comme un chef-d’œuvre de la littérature britannique contemporaine. Les critiques anglais ont évoqué Henry James ou Proust pour décrire l’élégance et la grâce du style d’Alan Hollinghurst. Le Sunday Telegraph a écrit que «La Ligne de beauté est ce que le roman britannique peut donner de meilleur». Peut-être suis-je trop sévère, mais j’avoue que l’ouvrage ne m’a pas épaté outre mesure.
Le roman met en scène Nick Guest, un jeune esthète, homosexuel et cultivé. Fils d’un modeste antiquaire anglais, il fait de brillantes études à Oxford et, au début des années 1980, part s’installer à Londres pour y mener à bien une thèse sur Henry James.
Il s’installe dans le grenier de la famille Fedden, dont le père est un ambitieux député conservateur. Le jeune locataire côtoie ainsi la grande bourgeoisie londonienne et devient le spectateur fasciné de leur vie fastueuse et insouciante. Le lecteur a droit à des chapitres entiers consacrés à des soirées gala, des réceptions et des concerts.
Sous la plume d’Alan Hollinghurst, la ville de Londres revit la flamboyance des années Thatcher, quand ascension sociale rimait avec hédonisme, égoïsme et cruauté. Avide de plaisirs et de beauté, le jeune héros se laisse emporter dans un tourbillon qui lui fait découvrir le sexe, la cocaïne, les voitures de sport et la vie facile. Aussitôt installé à Londres, en 1983, Nick Guest baise un inconnu dans un jardin de Notting Hill. Il se dit que c’est très vilain, mais «c’était vraiment la meilleure chose qu’il avait jamais faite».
Quelques chapitres plus tard, en 1986, il rencontre Wani, le fils d’un magnat libanais. Nick n’a pas l’instinct de famille mais il apprend vite que, pour Wani, «rendre visite à ses parents était aussi naturel que l’activité sexuelle, aussi irréfutable dans ses exigences. Les autres nuits de la semaine, rien ne s’opposait à ce qu’il se retrouve dans les toilettes d’un grand restaurant pour sniffer sa dose de coke, puis qu’il rentre chez lui (…) en vue d’une bonne séance de punition où il laisserait libre cours à ses fantasmes sexuels.»