Un Robert plus beau que jamais

Un dictionnaire Robert.
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Publié 24/10/2006 par Martin Francoeur

Dans la précédente chronique, je vous parlais du nouveau Petit Larousse. Vous vous doutiez bien que je n’allais pas passer à côté du nouveau Petit Robert. D’autant plus que si vous êtes un fidèle lecteur, vous connaissez mon attachement pour ce dictionnaire.

Depuis son lancement, le nouveau Petit Robert 2007 se maintient dans le peloton de tête des ouvrages les plus vendus. Au Québec, en tout cas. Et ce n’est pas étonnant. Le Petit Robert a fait peau neuve. De belle façon à part ça. Pour souligner son quarantième anniversaire, on ne pouvait pas faire mieux.

Curieusement, quand c’est notre anniversaire, on se fait donner des cadeaux. Cette fois, on a nettement l’impression que ce sont les gens du Robert qui en font tout un aux lecteurs et aux passionnés du français.

Sur le plan du contenu, le dictionnaire demeure fidèle à sa tradition et continue de mettre l’accent sur l’étymologie et sur l’histoire des mots. Cela a toujours été son avantage indéniable sur le Larousse. Le Robert ne se contente pas de donner des définitions. Il nous raconte l’origine du mot, son évolution, ses synonymes. Il place aussi le mot dans des contextes d’expressions, dans des citations d’auteurs.

Là-dessus, le travail est phénoménal. La nouvelle édition laisse place à 130 nouveaux auteurs qui sont cités. C’est le cas des Canadiens Marie Laberge et Hubert Reeves.

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En quantité, le contenu du Petit Robert ne bouge pas beaucoup; on tourne toujours autour de 60 000 mots et 300 000 sens et nuances. En fait, on a ajouté plus de 500 mots et 700 sens nouveaux. On accorde une place de plus en plus importante aux mots de la francophonie et aux régionalismes de France.

Quant aux nouvelles entrées, on ne s’étonnera pas de constater qu’ils sont majoritairement reliés aux nouvelles technologies, aux communications, aux sciences et aux loisirs. Des mots comme bonus, pour désigner les suppléments gratuits d’un CD ou d’un DVD, ou ver, pour parler d’un programme malveillant qui se transmet d’un ordinateur à l’autre à travers un réseau, font leur entrée. L’an passé, on avait fait une place à blog, alors il n’est pas étonnant de voir apparaître, cette année, le verbe bloguer. Les acronymes PDF, URL, USB sont maintenant reconnus.

En sciences, on note l’apparition de alcoolodépendance, chikungunya, insulinodépendant ou neurodégénératif, par exemple. Plus contemporain que jamais, le Robert s’adapte aussi aux grandes tendances de la société et aux mots qui s’y rattachent: composter, altermondialisation, écocitoyen, aloe vera, bêtacarotène, déstresser, détoxifier, hydromassage, spiruline, sudoku…L’influence de l’anglais se fait sentir dans certains cas: home cinéma, sitcom et softball en sont quelques exemples.

Le souci d’actualisation du Robert a aussi poussé ses auteurs à faire une place importance au vocabulaire des jeunes. Il est maintenant possible d’aller dans un after, de porter des vêtements baggy, d’être un raveur, de faire du slam donc d’être un slameur. On peut porter des tenues cool, ou adopter le style gothique. Même le mot respect devient une interjection pour saluer une performance ou marquer son admiration pour quelque chose.

Des mots et locutions bien de chez nous trouvent maintenant leurs lettres de noblesse dans le Robert. Il est tout à fait légal, sur le plan linguistique, de s’enfarger dans les fleurs du tapis. On reconnaît aussi la volonté des Québécois d’éviter des anglicismes, si bien que croustilles est maintenant accepté pour désigner des chips. Le sous-plat, beaucoup plus connu ici que les dessous-de-plat, est maintenant accepté. Les verbes placoter, abrier, encanter, achaler, chambranler et garrocher ne sont plus considérés comme du parler populaire ou régional. Ils ont leur place dans le dico.

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Plus complet que son concurrent, le Larousse, sur les plans lexical et étymologique, le Robert a par contre l’inconvénient de ne pas présenter d’informations sur les noms propres à l’intérieur du même ouvrage. Il faut aller voir son jumeau, le Dictionnaire des noms propres pour voir aussi le travail de mise à jour qui a été fait. On ne s’étonnera pas de constater que de nouvelles personnalités font leur entrée et qu’on a actualisé les informations sur des noms géographiques.

Jean Charest et Stephen Harper y font leur entrée, tout comme la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre Dominique de Villepin. Des Canadiens célèbres obtiennent aussi leur place : le cinéaste Denys Arcand, les peintres Ozias Leduc, Cornelius Kreighoff et Jean-Paul Lemieux, le metteur en scène Robert Lepage sont parmi les heureux élus.

On a aussi procédé à un travail colossal de mise à jour, avec les élections, réélections, décès, obtention des jeux Olympiques, catastrophes naturelles, etc.

Si le Dictionnaire des noms propres est un heureux complément au Petit Robert de la langue française, il n’est toutefois pas indispensable compte tenu des sources abondantes concernant les noms propres.

Le Petit Robert, lui, peut être considéré comme à peu près indispensable pour quiconque a le goût d’approfondir ses connaissances linguistiques. Il est l’outil par excellence pour bien maîtriser le français courant.

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L’ouvrage nous arrive cette année dans une nouvelle forme et un nouveau format. La couverture est de nouveau entoilée, avec une jaquette en plastique transparent, les dimensions sont plus grandes que l’édition précédente, le caractère et la disposition du texte ont été complètement renouvelés. La lecture se fait beaucoup plus facilement. On vient de donner un contenant agréable à un contenu déjà fascinant.

Du bien beau boulot qu’on a accompli pour ce dico qui vient d’atteindre la quarantaine.

Auteur

  • Martin Francoeur

    Chroniqueur à l-express.ca sur la langue française. Éditorialiste au quotidien Le Nouvelliste de Trois-Rivières. Amateur de théâtre.

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