Un Repair Café à la Bibliothèque de référence de Toronto samedi

Réduire, réutiliser, recycler... réparer

Des réparateurs à l'oeuvre au Toronto Repair Café. Photo: Charles-Antoine Rouyer
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Publié 13/01/2020 par Charles-Antoine Rouyer

Dans la famille Réduire-Réutiliser-Recycler, il y a aussi le petit dernier: Réparer (pour pouvoir… réduire et réutiliser.)

C’est l’objectif du Repair Café de Toronto depuis mai 2013, inspiré d’un projet similaire lancé à Amsterdam en 2009. Les réparateurs bénévoles torontois ont ainsi réparé gratuitement plus de 8 800 objets, et qui ainsi n’auront pas fini dans les poubelles.

Tous les dimanches

Le Repair Café répare gratuitement, tous les dimanches, divers objets de consommation, petit électroménager et électronique, vêtements, en autres.

Et une fois par mois, les bénévoles organisent un très gros café avec plusieurs dizaines de réparateurs, de meubles, de bijoux, de vélos, de livres, d’objets en cuir, d’horlogerie.

De l’équipement du Repair Café. Photo: Charles-Antoine Rouyer

Le premier grand événement de l’année se déroulera ce samedi 18 janvier, de 10h à 16h, à la Bibliothèque de référence de Toronto, au 789 rue Yonge, juste au nord de Bloor. L’entrée et les réparations sont gratuites et les dons sont acceptés.

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Par contre, il vaut mieux arriver tôt, car les réparations se font dans l’ordre d’arrivée: premiers arrivés, premiers servis. Alors préparez-vous à attendre votre tour.

Et à faire connaissance des autres Torontois qui patientent aussi.

Et entendre une cloche qui sonne, à chaque fois qu’un objet a été réparé!

Entre 60 et 80% des objets

«Nous réparons entre 60 et 80% des objets», explique Paul Magder, l’un des cofondateurs du Repair Café de Toronto, «mais des fois cela peut être plus.»

Ce technicien en électronique explique avoir démarré le café juste avant son départ à la retraite.

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«Ma femme, un autre membre de la famille, Wai Chu, et moi-même, nous cherchions en 2013 un moyen de contribuer à l’environnement, de faire un geste positif dans le monde et Wai Chu a entendu parler de l’organisme Repair Café qui était né à Amsterdam en 2009. Alors nous avons décidé de lancer un Repair Café à Toronto.»

Paul Magder, co-fondateur du Toronto Repair Café. Photo: Charles-Antoine Rouyer

L’aventure torontoise a commencé rue St Clair Ouest dans le local de Skills for Change, un organisme d’employabilité pour les immigrants.

«Le conseiller municipal Joe Mahevc nous a mis en rapport. Nous avons fait des affiches. Nous avions huit réparateurs. Nous avons eu beaucoup de monde et cela a très bien marché. Les gens nous ont dit: Quand est-ce que vous allez le refaire?»

Ateliers

L’organisme organise aussi des ateliers pour apprendre à réparer soi-même divers objets, comment coudre, réparer des machines à coudre, réparer des fermetures à glissière, raccommoder.

«Je suis ravi que des Repair Café voient le jour un peu partout dans la ville», se réjouit le conseiller municipal Mike Layton, membre du comité Infrastructure et environnement de la Ville, «car ils contribuent à deux facettes importantes des trois R, réduire et réutiliser.»

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«En réparant des objets, nous réduisons le nombre de nouveaux articles qui devraient être achetés, et nous réutilisons des produits existants. Les résidants qui sont disposés à partager leur expertise pour améliorer notre planète rendent un très grand service à leurs voisins.»

Un Repair Café Toronto du dimanche. Photo: Repair Café Toronto

C’est une journaliste néerlandaise, Martine Postma, qui a lancé le mouvement en 2009 et qui a créé l’année suivante la Repair Café Foundation.

Il y aurait à présent plus d’un millier de Repair Cafés dans le monde, dont une quinzaine au Canada (en Ontario, à Kitchener, Peterborough, Quinte, aux côtés de celui de Toronto et de trois chapitres sur les campus du collège Sheridan.)

Le droit à la réparabilité

Le Repair Café de Toronto s’inscrit dans une tendance mondiale qui revendique le droit à la réparabilité, notamment dans le domaine de l’électronique. L’objectif est à la fois social et écologique.

Le droit à réparer est une facette de l’économie circulaire, afin de réduire la consommation d’énergie et de ressources naturelles qui seraient nécessaires pour produire de nouveaux produits de remplacement.

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Cela combat également l’obsolescence programmée, à savoir que des produits neufs sont conçus pour ne pas durer longtemps, et donc être remplacés.

Et éviter l’accumulation de déchets dans les décharges et la pollution.

Appareils électroniques

Les produits électroniques tels que les téléphones portables sont les premiers en ligne de mire de nos jours, notamment pour combattre l’interdiction d’ouvrir son téléphone pour le réparer, de certains grands fabricants.

Au volet social, la réparabilité permet aussi de faire des économies financières sans avoir à racheter un nouveau produit. Elle pourrait aussi constituer un bassin d’emplois locaux pour tous les différents réparateurs qui pourraient avoir pignon sur rue.

Des bénévoles du Repair Café Toronto. Photo: Repair Café Toronto

Selon l’organisme Zero Waste Canada, le nombre de réparateurs de télévisions et de radios aux États-Unis a été divisé par trois entre 1963 et 2006 (de 110 000 à 40 000), alors que le nombre de téléviseurs par foyer a plus que doublé, de 1,13 à 2,6.

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Même tendance pour les cordonniers américains, dont le nombre a été divisé par trois en près de 50 ans (de 9 136 en 1967 à 2 825 en 2004.)

Écoconception en Europe

L’Union européenne a adopté en septembre 2019 dix nouvelles directives en matière d’écoconception, dont la réparabilité et la recyclabilité d’appareils électroménagers, tels que des réfrigérateurs ou laveuses et qui s’appliqueront en 2021.

«Il est crucial que nous inversions la tendance actuelle au produit jetable, qui épuise nos ressources naturelles et vide le portefeuille des consommateurs», a déclaré Monique Goyens, directrice générale du Bureau européen des unions de consommateurs.

Les mesures sont toutefois critiquées comme n’allant pas assez loin, limitant le droit aux professionnels et non pas aux consommateurs.

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Pas en Ontario

En Ontario en mai 2019, un projet de Loi privé du député Michael Coteau (candidat à la chefferie des Libéraux ontariens) n’a pas été adopté par les Conservateurs de Doug Ford, qui craignaient d’effrayer les investisseurs privés.

Selon les partisans du projet, les groupes de pression des grandes entreprises auraient œuvré en coulisse pour faire échouer le projet. Par la suite, une pétition en ligne a été lancée et a recueilli près de 15 000 signatures jusqu’à présent.

Au Québec, un projet de loi a été déposé en avril 2019 par un député indépendant, à la suite d’une initiative d’étudiants en droit de l’Université de Sherbrooke.

Finalement, en octobre dernier, le gouvernement Legault a choisi de mener une consultation publique plutôt qu’un débat à l’Assemblée nationale.

Des réparateurs à l’oeuvre au Toronto Repair Café. Photo: Charles-Antoine Rouyer

En France, un projet de loi relatif à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, a été adopté en première lecture par le Sénat, fin septembre 2019, stipulant que «à compter du 1er janvier 2021, certains équipements électriques et électroniques doivent comporter une information sur leur réparabilité, sur le modèle de l’étiquette énergie.»

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Le texte étend également au secteur de la réparation des équipements électriques et électroniques, l’obligation existante pour la réparation automobile de «proposer des pièces de rechange issues de l’économie circulaire».

Réduire la pollution

Aux États-Unis, une vingtaine d’États américains étudieraient ce type de mesure.

Un organisme américain de défense des droits des consommateurs, la Repair Association, tente notamment depuis 2013 d’étendre ce droit aux appareils électroniques, pour favoriser la création d’emplois locaux, réduire la pollution des déchets électroniques, éviter la perte de la valeur du produit à jeter et défendre les droits des propriétaires.

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