Romancier et essayiste, Pierre Léon est aussi nouvelliste. Après nous avoir servi ses Rognons du chat (L’Interligne) en 1999, il nous invite au voyage avec L’effrontée de Cuba, recueil récemment paru aux Éditions du Gref.
Je parle d’une invitation au voyage parce que ces nouvelles nous conduisent tour à tour à Cuba, au Nigeria, en France, en Espagne, au Brésil, en Nouvelle-Calédonie, aux États-Unis et, bien entendu, dans quelques villes canadiennes (Halifax, Ottawa, Toronto). Mais attention, les textes vont bien au-delà d’une évasion touristique, ils regorgent de sens dramatique, de profondeur psychologique et de verve humoristique.
C’est la première nouvelle qui donne son titre au recueil. Elle est typique de la structure que Pierre Léon privilégie dans l’écriture de ses courts textes, à savoir le développement rapide d’une petite intrigue qui culmine dans un point de chute le plus souvent inattendu. Il nous offre 27 nouvelles regroupées sous quatre thématiques: jeux d’enfants, jeux d’adultes, jeux du hasard et de la mort, jeux tout simples. Deux de ses nouvelles avaient déjà paru dans L’Express.
Il arrive parfois que le punch final soit un peu prévisible, comme dans la nouvelle intitulée Le petit pêcheur de lottes.
Dans d’autres cas, le point de chute peut être terriblement cruel (viol et meurtre) ou carrément imaginatif (bombardement de roses avec une précision tout anglaise, à poil devant une galerie d’invités pour un véritable surprise-party). La nouvelle Jim et John est pleine d’actualité puisqu’elle tourne autour de la guerre en Irak; la tragédie évoquée par Pierre Léon devient presque une homélie sur l’amour.