Un musicien génial et romanesque: Franz Liszt

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Publié 18/10/2011 par Gabriel Racle

On ne saurait passer sous silence le 200e anniversaire de naissance, le 22 octobre, de ce pianiste virtuose, de ce compositeur de génie, «Hongrois de naissance, Français par sa langue, très romantique allemand dans sa musique, même s’il la teinte par moments de son folklore natal ».


Lisztomania


Il faut peut-être parler d’emblée de la Lisztomania, même si de nos jours elle revêt un forme différente de celle du vivant du compositeur. Il suffit de jeter un coup d’œil sur le nombre de sites Internet consacrés à Liszt et à son anniversaire, pour se rendre compte que son succès ne se dément pas. Mais n’est-il pas l’auteur des célèbres Rêves d’amour, nostalgiquement romantiques. 


C’est le poète et journaliste allemand Heinrich Heine, qui vivait alors à Paris, qui a inventé le terme Lisztomania pour définir «le succès délirant qui pleuvait sur notre musicien, et en particulier le comportement des «fans» féminines: l’une s’évanouissait, l’autre à genoux baisait ses doigts, plusieurs se jetaient ouvertement à sa tête malgré le savoir-vivre très strict de l’époque». Qui donc était cet homme adulé?


Un musicien prodigieux


Il n’est pas facile de décrire, en quelques lignes, la vie de cet homme, tellement elle est remplie et diversifiée – on lui prête à tort ou à raison de nombreuses conquêtes féminines, il aura deux filles et finira abbé – mais un excellent livre aidera le lecteur soucieux de mieux connaître ce musicien, source des citations précédentes et des citations ultérieures: Werck, Isabelle. Franz Liszt, Paris, Bleu Nuit, 20 X 14 cm, 176 p.


En huit chapitres, aux titres significatifs, l’auteure marque les grandes étapes de la vie personnelle et professionnelle de Liszt, qui en donnent une très bonne idée, si l’on n’a pas le courage ou le temps de prendre connaissance des trois volumes qu’Alan Walker, professeur émérite à la McMaster University de Hamilton, a consacrés à Liszt, une autorité sur ce compositeur.


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L’enfant prodige (1811-1829) ouvre la biographie de Liszt, né le 22 octobre, sous le signe de la grande comète, visible à l’œil nu pendant plusieurs mois. Pour son père, férue de musique, son fils «est élu par le destin». Et sous la conduite paternelle, Franz montre vite des talents pianistiques remarquables, qui le conduiront à Vienne où il perfectionne rapidement son art, avec «L’éclosion de sa personnalité (1830-1839)».


Les succès


La Glanzperiode ou période brillante (1840-1847). 


«Pendant ces huit années, de décembre 1839 à septembre 1847, Liszt se lance dans l’époustouflante carrière qui servira de référence à tous les pianistes après lui.»


On le voit partout, Budapest, Prague, Paris, Londres, Weimar, Bayreuth, Francfort, Moscou, Varsovie, Rome. En virtuose, «Celui quoi donne tout », comme l’a défini un expert, «Liszt recherche, non la difficulté, mais ce qui pousse le piano à devenir encore plus polyphonique, plus sonore, plus éclatant, en somme le piano expressif au-delà de lui-même.»


C’est la riche période des Six études d’après Paganini, des Rhapsodies hongroises, des Harmonies poétiques et religieuses, de la Sonate en si mineur, de deux Légendes: Saint François d’Assise. La prédication aux oiseaux et Saint François de Paule marchant sur les flots, et de pièces pour piano, comme Nuages gris ou Lugubres gondoles, toutes œuvres dont l’auteur donne un aperçu musical.


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Les années souveraines


Sous ce titre, I. Werck décrit la période la plus féconde de Liszt (1848-1861). Il va transformer le bourg endormi de Weimar, 12 000 habitants, «en un foyer musical d’avant-garde qui tiendra tête à Leipzig, Vienne ou Paris». Sur le plan sentimental, il fait venir son amour du moment, la Princesse Carolyne von Sayn-Wittgenstein, qu’il a rencontrée à Kiev en 1847, et que les intrigues de cardinaux romains l’empêcheront d’épouser.


C’est la période de la Zukunftmusik, comme l’a qualifiée Carolyne. C’est aussi ce que l’on pourrait appeler la querelle des anciens et des modernes, Liszt entrant résolument dans cette catégorie. Il a composé 23 œuvres pour orchestre seul et huit pour piano et orchestre, la plupart, au cours de cette période. Il est l’auteur de treize poèmes symphoniques, un terme dont il est l’inventeur.


Les dernières années


Mais cette période faste se termine mal. Sa bienfaitrice décède en 1859, puis son fils Daniel quelques mois plus tard, et sa fille Blandine en 1862 et sa mère en 1866. Carolyne, qui se débat pour faire annuler son mariage est partie pour Rome demander au pape cette annulation, qui ne sera jamais prononcée.


En 1865, Liszt entre dans les odores mineurs. Il sera clerc sans être prêtre. Les dernières années de sa vie sont marquées par des voyages et des triomphes. «Après le feu d’artifice, ce sera l’agonie.» Le 31 juillet 1886, l’abbé Liszt décède. 


«Il était nécessaire, dans l’histoire de la musique, qu’apparaisse ce chaînon: un tzigane, au sac tout chargé d’étoiles, et qui les répand à la volée.» (p. 157)

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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