Au dire de Chateaubriand, «il paraît qu’on n’apprend pas à mourir en tuant les autres.» Mais on peut passer de bons moments en présence des tueurs. C’est ce que vous apprendrez en lisant le tout dernier recueil de nouvelles de Claude Forand: R.I.P. Histoires mourantes.
R.I.P. – Requiescat in pace (qu’il repose en paix). Curieusement, ceux qui trouvent la paix, dans ces treize nouvelles de Claude Forand, sont ceux qui donnent la mort. Accidentelle ou provoquée, froide ou banalisée, nécessaire ou pas, la mort échappe ici à toute forme de compassion ou de morale.
Dans une nouvelle, de soi-disant bons samaritains semblent doués pour expliquer les cinq étapes du chagrin à un pauvre père qui vient d’enterrer son fils unique. Ces étapes – reniement, colère, négociation, dépression, résignation – se retournent, vous vous en doutez bien, contre les deux escrocs qui les préconisent…
Une nouvelle commence par «Je déteste Toronto…» et vous montre comment un photographe devient un brillant détective. Dans un autre récit, l’auteur prend pour acquis que vous faites partie de ceux qui croient qu’une maison est simplement fabriquée de brique, de bois et autres matériaux. Rien de plus. Ce n’est certainement pas un repaire de fantômes. Pas si sûr que ça!
Avec treize nouvelles insolites, cocasses ou drôles, qui font passer un bon moment, vous vous imaginez bien que la mort est pleine de surprises. Surtout quand l’auteur y ajoute une bonne dose d’ironie, de savants calculs d’humour noir et une maîtrise exquise du polar. Et ses textes ne manquent pas de belles métaphores ou expressions. Il écrit, par exemple, qu’une femme «ronflait comme un tuyau d’orgue» et que «la politesse, c’est pas pour les rhododendrons».