Les deux peintres revendiquent une même conception physique de la peinture. «J’aime les œuvres qui nous confrontent physiquement», s’exclame Kathleen, «d’où la grande taille de mes toiles. Le visiteur doit s’approcher pour voir les détails, puis s’en éloigner pour retrouver une vue d’ensemble. Avec ce va-et-vient permanent, il n’y a pas de contemplation passive, ce n’est pas du décoratif.»
Peinture électrique
La technique employée par Darcia est aussi physique, presque sportive. Loin des illustrations joyeuses qu’elle dessinait pour des livres d’enfant, ses toiles sont réalisées à la peinture électrostatique, utilisée à l’origine pour les revêtements architecturaux.
Darcia en a fait «son medium», son matériau favori. Elle travaille sur des planches de métal électrifiées, avec un pistolet à air comprimé et un autre qui propulse des pigments colorés sous forme de poudre. «Le tout en combinaison, dans une usine, où, l’été, la température peut monter jusqu’à 55 degrés», explique-t-elle.
Pour tenir, la poudre doit être ensuite cuite dans un four spécial. «En travaillant dans ces conditions, je fuis le confort d’un atelier classique pour retrouver l’artiste qui est en moi. Il y a un sentiment d’urgence incroyable.»
Le motif sombre d’un corps déformé se retrouve dans la plupart de ses toiles.
«Cette figure revient toujours, c’est ce qui ressort de mon travail. Mais attention, précise-t-elle, je veux évoquer ce corps, pas le décrire. Je m’applique à ce qu’il n’y est aucun élément descriptif: pas de perspectives, ni de ligne d’horizon qui pourraient raconter une histoire. Je mêle le fond et la forme».