Un jeune boxeur au front

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Publié 26/10/2010 par Paul-François Sylvestre

Daniel Marchildon a récemment publié La première guerre de Toronto, un roman historique qui paraît dans la collection 14/18 des Éditions David. Les Franco-Torontois reconnaîtront plusieurs lieux d’action de ce fascinant roman, notamment la paroisse et l’école du Sacré-Cœur. Quant aux férus d’histoire locale, ils seront entièrement comblés, car la recherche a été soigneusement menée.

Dès les premières pages du roman, il est question de l’école du Sacré-Cœur de la rue Sackville et de la fabrique Gendron. Nous sommes de toute évidence dans l’est de Toronto. Puis il y a une référence au Règlement XVII qui est entré en vigueur en 1912.

Le personnage principal est Napoléon Bouvier, un jeune boxeur qui travaille à la Gendron Manufacturing.

En septembre 1916, il quitte le ring pour joindre les rangs de l’armée canadienne. Il reviendra du front tourmenté par des blessures physiques et psychologiques, incertain de son avenir dans sa ville natale où règne un climat francophobe.

Plusieurs personnages secondaires du roman sont des personnalités torontoises, car l’auteur mêle allègrement fiction et réalité. Nous croisons le curé Philippe Lamarche, le vicaire Rodrigue Lussier, le maire Thomas Langton Church et même un jeune membre de la Royal Air Force, Roland Michener, futur gouverneur général du Canada.

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Une autre personnalité torontoise n’est pas mentionnée, mais certains lecteurs la devineront; il s’agit du boxeur Albert Frenchy Bélanger. Le jeune Bouvier est boxeur, son surnom est aussi Frenchy et son entraîneur s’appelle Bélanger.

Lorsque Napoléon Bouvier revient du front, il croit avoir échappé aux horreurs de la guerre, mais il doit affronter un nouvel ennemi impitoyable et invisible: la grippe espagnole.

Plus d’un Canadien sur six contracte la maladie et le nombre des victimes s’élèvera à 50 000.

En octobre 1918, la moitié de la population torontoise est touchée par le fléau. Napoléon a deux précieuses alliées: sa fiancée, Corine, qui aspire à devenir enseignante, et Julie, une infirmière militaire dévouée et pleine de compassion. Laquelle est vraiment l’élue de son cœur?

Le jeune boxeur-soldat travaille dans un hôpital qui soigne les personnes atteintes de la grippe espagnole. Il doit porter un masque à gaz.

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«Il se revoit en train d’enfiler son masque à gaz avant de se lancer à l’attaque à Passchendaele, voilà un an. (…) Napoléon redoute que l’affrontement dans lequel il s’engage soit tout aussi meurtrier que sa funeste expérience sur le champ de bataille.» Conflit mondial et lutte contre la maladie font souvent l’objet de comparaisons finement ciselées.

Le 14 octobre 1918, le médecin en chef et le maire de Toronto décrètent que les théâtres, les cinémas, les églises et les chapelles de toutes confessions, ainsi que toutes les écoles publiques ou privées, y compris les écoles du dimanche, devront fermer et rester fermés jusqu’à nouvel avis.

L’ennemi est de taille et cruel. Napoléon Bouvier pourra-t-il sortir vainqueur de ce match, pourra-t-il gagner cette première véritable guerre de Toronto et, si oui, à quel prix?

Le roman regorge de petites références historiques qui contribuent à donner une saveur d’époque. À titre d’exemple, nous lisons que l’abbé Lussier termine son homélie du dimanche, puis «se retourne pour faire face à l’autel et continuer la célébration de la messe en latin».

Le roman consacre peu de pages à la Première Guerre mondiale. Le cœur de l’action se déroule à Toronto, où «se profile encore l’ombre d’un ennemi qui n’a pas conclu un cessez-le-feu et [qui] a donc toujours le champ libre pour faire d’autres victimes».

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La première guerre de Toronto est un récit historique enlevant, habilement construit autour de deux événements tragiques qui ont marqué la Ville-Reine et le pays tout entier.

Daniel Marchildon, La première guerre de Toronto, roman, Ottawa, Éditions David, coll. 14/18, 2010, 174 pages, 14,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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