Un Franco-Torontois pourrait avoir la plus grande collection d’étiquettes de vin au monde

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Publié 06/06/2013 par Fanny Arnaud (La Presse Canadienne)

à 10h34 HAE, le 6 juin 2013.

MONTRÉAL – Quatre jours sans interruption ne suffiraient pas à compter ce qui pourrait être la plus grande collection d’étiquettes de vin au monde.

Alain Laliberté possède environ 160,000 étiquettes soigneusement rangées dans 123 boites à chaussure. S’il n’en connaît pas le nombre exact, il est convaincu au moins d’en avoir suffisamment pour battre le record actuel de 16,349 enregistré au Guinness des records.

Originaire de la ville de Québec, il habite à Toronto depuis quelques années et a publié plusieurs chroniques dans L’Express.

Sa passion l’a conduit en fin de semaine dernière à présider le jury du premier concours d’étiquettes organisé en marge de la Sélection mondiale des vins à Québec. Le prix a été attribué, parmi 81 candidats du monde entier, au vin de glace de l’Ontario, Coldhearted Riesling 2007.

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Certain producteurs de vin mettent beaucoup de soin dans la conception de leurs étiquettes et ce concours vise à leur rendre hommage.

«C’est intéressant que certaines personnes trouvent un intérêt à ces petits bouts de papier», dit M. Laliberté, qui a une formation de sommelier.

«Certaines sont de petites œuvres d’art.»

Philippe de Rothschild

Le précurseur en matière d’étiquette est le baron Philippe de Rothschild.

Depuis 1924, l’étiquette de son fameux Mouton Rothschild est confiée à un artiste renommé, et cette tradition continue de nos jours. Miro, Chagall et Picasso y ont pris part. Le prix d’une bouteille peut aller de quelques centaines à plusieurs milliers de dollars.

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M. Laliberté a étudié à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec avant d’entreprendre, en 1995, un programme dédié à la dégustation à Bordeaux, en France.

À ce moment, il commence à relever les étiquettes sur les bouteilles de vin, puis à écrire aux producteurs pour leur demander de lui envoyer de nouveaux exemplaires.

Désormais un spécialiste du vin, il accumule les bouteilles dans son four pour en retirer les étiquettes.

Héritage

Mais c’est il y a quelques années seulement que sa collection prend de l’ampleur quand il hérite de 125,000 étiquettes au décès d’un de ses amis collectionneur.

Il contacte alors le Guinness des records.

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Cependant sa collection n’a pas encore été enregistrée parce qu’il doit fournir le nombre exact d’étiquettes qu’il possède. Il a bien l’intention de les compter bientôt mais cela lui prendra plus d’une centaine d’heures.

«Je pourrais en compter 20,000 et m’asseoir sur le record», dit-il, mais ce n’est pas son intention.

Pour le Guinness des records, M. Laliberté a extrait tous les doublons qu’il pouvait avoir. Il a classé les étiquettes par pays et parfois par thème. La classification est faite de telle sorte qu’il puisse retrouver n’importe quelle étiquette dans les piles de boîtes à chaussures réparties dans son condo.

5000 dégustations par année

Certes il n’a pas goûté à tous ces vins mais avec une moyenne de 5000 dégustations par année, Laliberté n’est pas loin du compte.

Parmi ses pièces maîtresses on trouve des ébauches de l’étiquette du Château Rauzan-Ségla, un vin de Bordeaux, des étiquettes jamais commercialisées dont il n’existe qu’un exemplaire de chaque.

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La plus vieille étiquette de sa collection est allemande et date de 1859.

Certaines font référence à des pays qui n’existent plus comme la Yougoslavie, d’autres encore proviennent de pays que l’on ne soupçonne pas de produire du vin comme l’Éthiopie ou l’Égypte.

Certaines étiquettes représentent des animaux, des fleurs, des sports, certaines sont des œuvres d’art alors que d’autres sont grivoises.

Cette collection ne sera jamais terminée: actuellement, M. Laliberté est à la recherche d’étiquettes de vin de Suède.

Culture et commerce

«C’est fascinant», dit-il. «Ça m’a permis d’apprendre le vin: sa culture, sa géographie, son histoire.»

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Mais les étiquettes ont également un rôle à jouer dans la commercialisation du vin.

Un professeur de marketing de l’Université polytechnique des Marches, à Ancône, en Italie, écrit que de simples changements sur les bouteilles peuvent avoir de grandes conséquences sur les ventes.

Dans l’article «L’importanza dell’etichetta» (L’importance de l’étiquette) de son blog Officinamarketing, Gabriele Micozzi dit que dans certains cas, il y a une augmentation pouvant aller jusqu’à 169 pour cent du chiffre d’affaires quand le packaging est modifié.

«C’est du marketing», dit M. Laliberté.

«L’étiquette d’un vin ne dit rien sur le contenu de la bouteille, de même que le prix du vin n’a aucun rapport avec sa qualité.»

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Cependant, il admet que de plus en plus le choix du consommateur se fait par l’étiquette.

Martin Lefebvre est sommelier au restaurant XO à Montréal, et pour lui il est évident que l’étiquette joue un rôle important dans le commerce de détail.

«Les compagnies, par leur étiquettes, se positionnent sur le marché», dit-il.

«Les appellations classiques ont tendance à être très conservatrices alors que les nouveaux producteurs vont faire des étiquettes plus ‘flyées’ pour leur premier vin.»

L’étiquette joue aussi un rôle lors de l’importation de vin, notamment au Québec, où, selon M. Lefebvre, la Société des alcools du Québec a récemment refusé des vins de plusieurs domaines français parce qu’il y avait de la nudité sur l’étiquette.

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