Un expert en sinistres raconte sa dépression

«11 mois d’enfer»

depression
Gaston Doiron (Photo: Acadie Nouvelle)
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Publié 09/03/2018 par Anne-Marie Provost

Gaston Doiron s’en souvient très bien. Il y a dix ans, un 15 mars, vers 15h30, il était au travail. Il parlait au téléphone quand il a soudainement raccroché au nez de son interlocuteur. Il avait craqué.

«Ça m’a frappé en pleine face», dit-il. « Je me suis dit dans ma tête: assez, c’est assez, je n’en peux plus, je ne suis plus capable», raconte l’expert en sinistres, qui travaille pour la compagnie d’assurance Stanley Mutual.

Il était loin de s’en douter à ce moment, mais il vivra ensuite un long enfer de onze mois à cause d’une dépression.

L’homme de 66 ans, que les gens connaissent surtout comme animateur sur les ondes de CKRO, une radio de la péninsule acadienne au Nouveau-Brunswick, a entamé le mois dernie une série de présentations pour parler de dépression.

«J’étais plein d’énergie, je travaillais à temps plein, 15, 16, 18 heures par jour, je n’avais pas peur de ça. Je ne pensais jamais que ça pouvait m’arriver à moi»…

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Le fond du baril

Peu après les événements au bureau, il se fera diagnostiquer un épuisement professionnel.

Son état va cependant empirer, et ce, au point où aller sous la douche deviendra une lourde et épuisante tâche. Il devra prendre des antidépresseurs.

«J’avais des idées noires très fortes et j’avais peur de moi-même. Lorsque je plongeais dans ces périodes sombres, j’aurais pu être un acteur d’Hollywood. Je dégageais l’image du gars le plus heureux qui pouvait marcher sur deux pattes à Rivière-du-Portage», confie Gaston Doiron.

L’homme atteindra le fond du baril, pour ensuite mieux remonter et prendre la voie de la guérison.

Une nuit, il vivra une crise. Il boira de l’alcool et prendra plusieurs antidépresseurs, «pour alléger ma souffrance».

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«Je me suis dit que j’allais avaler quelques pilules pour dormir un petit bout. Je me disais que dès que j’allais me réveiller, tout ça serait derrière moi», raconte-t-il.

M. Doiron se réveillera à l’hôpital. Il ira ensuite de son plein gré à l’unité de psychiatrie de l’Hôpital régional de Miramichi. Il décidera de quitter l’établissement quelque temps plus tard, afin de «reprendre le contrôle sur sa vie». C’est à ce moment qu’il commencera à prendre du mieux.

«Je me considère privilégié d’avoir quitté ce gouffre et d’avoir pu m’en sortir. Je me dis que d’autres personnes peuvent s’en sortir et réussir. La vie a repris son cours normal, j’ai repris mon travail après un an, mais maintenant je vois la vie différemment. J’appelle ça avoir été en enfer pendant 11 mois et aujourd’hui, lorsque je vois les rayons du soleil, je les trouve don’ ben beau», souligne Gaston Doiron.

Un sujet tabou

S’il raconte son histoire dans ses présentations, c’est pour envoyer un message d’espoir et faire prendre conscience aux gens que la dépression peut toucher n’importe qui.

«Ça s’adresse à monsieur et madame Tout-le-Monde, qui pensent que ça ne leur arrivera jamais.»

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«Le message que je veux passer, c’est un message d’espoir. Pour dire aux gens, si jamais ça vous arrive ou si vous connaissez quelqu’un à qui ça arrive, de ne pas avoir peur d’en parler et de se laisser aller», explique Gaston Doiron.

Selon lui, le sujet de la dépression est un sujet encore trop tabou.

«Il y a des gens qui seraient venus ici aujourd’hui, qui auraient aimé venir, mais ils ont peur d’être vus là, que les autres pensent qu’ils sont dépressifs. Il y a des personnes qui me l’ont avoué», confie-t-il.

L’homme prendra sa retraite du secteur de l’assurance dans quelques mois. Mais que ses auditeurs se rassurent, il compte continuer à faire de la radio avec CKRO, et d’autres projets pourraient voir le jour.

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