Le projet était audacieux. En plus d’être le premier long-métrage québécois à être entièrement tourné à l’étranger, Un Dimanche à Kigali aborde de front deux thèmes délicats: le génocide rwandais et les relations entre hommes occidentaux d’âge mûr et jeunes Africaines.
Un projet terrifiant pour le cinéaste Robert Favreau: «Ma première réaction après avoir lu le scénario, c’était d’être en criss, raconte le réalisateur en entrevue à Toronto. J’étais tellement en colère contre moi-même, en me disant ‘’Où est-ce que j’étais quand ça s’est produit? À quoi je pensais? Où est-ce qu’on était pour qu’une telle chose arrive?’’ C’est plutôt là que j’ai trouvé ma motivation, parce que le projet en tant que tel me terrifiait.»
Au printemps 1994, Bernard Valcourt (Luc Picard), un journaliste québécois, se rend à Kigali au Rwanda, pour réaliser un reportage sur le sida. Rapidement, son attention se détourne vers la montée des tensions raciales entre Hutus et Tutsis. Caméra à la main, il témoigne jour après jour de la préparation du génocide. Pourtant, tant les médias canadiens que le personnel consulaire sont réfractaires à condamner les actions des Hutus.
Dans ce pays au bord du précipice, Bernard fait la connaissance de Gentille (Fatou N’Diaye). À l’hôtel des Mille Collines, le journaliste désabusé et la jeune serveuse rwandaise se courtisent. Les préjugés sont toutefois durs à surmonter. Elle n’a qu’une vingtaine d’années, lui, la quarantaine passée. Pour Bernard, son corps renferme tout l’exotisme africain, alors que pour elle, il évoque la possibilité d’obtenir un passeport canadien. L’attirance semble toutefois plus forte que tout. Mais l’appel au génocide est donné. Sous les regards impuissants des casques bleus, 800 000 Rwandais trouveront la mort. La destinée de Bernard et Gentille prendra dès lors un tournant tragique.
Le long-métrage est une adaptation cinématographique du best-seller Un Dimanche à la piscine de Kigali écrit par Gil Courtemanche et encensé par la critique. «J’ai fait ce film-là en espérant que notre indifférence se mue en indignation», affirme sans détour Robert Favreau, qui signe le scénario en plus de la réalisation.