Un député fédéral vote en visioconférence au volant de sa voiture

Le député fédéral d’Argenteuil-La Petite-Nation, Stéphane Lauzon.
Le député fédéral d’Argenteuil-La Petite-Nation, Stéphane Lauzon. Photo: Benoît Sabourin, Le Droit
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Publié 23/11/2020 par Benoit Sabourin

Le député libéral fédéral d’Argenteuil-La Petite-Nation, Stéphane Lauzon, soutient n’avoir enfreint aucune règle du Code de la sécurité routière du Québec et avoir respecté le décorum de la Chambre des communes en votant par visioconférence… alors qu’il était au volant de sa voiture!

Lors d’un vote sur une motion de l’opposition portant sur des mesures fiscales pour soutenir les Canadiens, le 16 novembre, le député libéral a exercé son droit d’élu alors qu’il était en déplacement, sur la route.

Sur une vidéo disponible sur le site ParlVU, qui diffuse l’ensemble des activités de la Chambre des communes, on voit M. Lauzon voter par le biais de l’écran de son téléphone intelligent, avec deux oreillettes, alors qu’il conduit sa voiture.

En mains libres

M. Lauzon a confirmé qu’il conduisait bel et bien son véhicule lorsque le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, l’a appelé à voter. Il se défend d’avoir commis une erreur de jugement en procédant ainsi.

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«J’étais en mains libres dans ma voiture. Moi, je n’ai pas besoin de voir le téléphone. Eux (à la Chambre des communes) ont besoin de me voir. Je ne suis pas à l’encontre de la Loi. La Loi dit que tu peux être en mains libres dans ta voiture. Mon téléphone est fixe, accroché au tableau de bord, et l’image est fixe et projetée sur moi.

«Les règles de la Chambre disent qu’on doit être dans une tenue vestimentaire appropriée, qu’il ne doit pas y avoir d’arrière-plan partisan, qu’on doit être vu par la Chambre et que nous devons dire à haute voix oui ou non pour être bien entendu quand vient le temps de voter. Ce sont les règles de la Chambre et elles ont toutes été respectées», a expliqué le député de l’Outaouais québécois.

Pas de vote au volant, demande le whip du PLC

Pour s’assurer qu’il n’avait contrevenu à aucune règle, M. Lauzon a contacté le whip du Parti libéral du Canada, Mark Holland, avant d’accorder une entrevue au Droit jeudi dernier. «Le whip m’a demandé de ne plus faire cette pratique-là et je ne la referai plus…»

M. Lauzon souligne que des députés de l’opposition ont déjà voté au volant, par visioconférence. Dans son cas, il s’agissait d’une première.

«Comme bon joueur, je vais respecter les recommandations du whip et je ne ferai plus de vote par téléphone en auto, mais je vais continuer à travailler au cellulaire pour mes rencontres, mes réunions et mes échanges téléphoniques en respectant la sécurité routière», a ajouté le député fédéral.

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Pas besoin de penser

En ce qui concerne la perception que ce geste pourrait donner au public, le député affirme que son automobile est un «centre de travail», et qu’il est en mesure de conduire de façon sécuritaire tout en restant concentré sur ses tâches d’élu. Lorsque vient le temps de voter, tout le travail de recherche et de réflexion a déjà été fait auparavant, rappelle-t-il.

«Tous nos projets de loi sont étudiés pendant des heures avant le vote. On sait exactement la position sur laquelle on doit voter. On n’a pas besoin de penser davantage.»

«Je peux vous assurer que j’avais l’entière concentration sur la route et je suis capable de marcher et de mâcher de la gomme en même temps. Ce n’est pas un défi pour moi, aux nombreuses heures que je peux passer dans mon véhicule à voyager à travers le Québec. Souvent, je vais partir d’Ottawa et je vais être en mains libres jusqu’à Plaisance, sans raccrocher la ligne une fois», assure-t-il.

«Je peux vous assurer que j’avais l’entière concentration sur la route et je suis capable de marcher et de mâcher de la gomme en même temps», ajoute-t-il.

«Tout en assistant virtuellement à une séance de la Chambre des communes, que ce soit pour voter ou débattre, les député(e)s sont conscient(e)s que la conduite automobile est inappropriée et reconnaissent l’importance de maintenir un arrière-plan neutre», a cependant précisé le chef de cabinet de M. Holland, Charles-Éric Lépine.

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Amendes

La Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) est catégorique. «La seule utilisation permise d’un écran est réservée aux fonctions d’aide à la conduite, comme une carte routière ou un GPS», dit son porte-parole, Mario Vaillancourt.

Il est interdit de regarder une vidéo, par exemple sur YouTube, ou entretenir une conversation en visioconférence. Il n’est pas interdit de parler au téléphone avec la fonction «mains libres».

Un policier peut cependant donner une amende à un automobiliste pour distraction au volant si ce dernier ne cesse d’appuyer sur l’écran tactile de son écran de cellulaire ou s’il adopte d’autres comportements qui l’empêchent de regarder la route et maintenir une conduite sécuritaire.

Les amendes vont de 300 à 600 $ pour une première infraction pour cellulaire au volant.

D’ailleurs, la SAAQ rappelle qu’un automobiliste ne peut utiliser deux écouteurs, au volant. «La loi permet de porter un écouteur à une seule oreille de façon à pouvoir capter les bruits de la circulation environnante. Il est interdit d’avoir un écouteur aux deux oreilles», lit-on sur le site de la SAAQ.

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Cette infraction est passible d’une amende allant de 100 $ à 200 $.

– avec Louis-Denis Ebacher

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