Trois expos, trois gaffes au ROM

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Publié 03/06/2008 par Paul-François Sylvestre

Parmi les expositions présentement en montre au Musée royal de l’Ontario (ROM), il y a Le kaléidoscope de Shanghai, Les machines à écrire anciennes et Darwin : la révolution de l’évolution. Chacune d’elles m’a réservé une mauvaise surprise.

En montre jusqu’au 2 novembre prochain, Le kaléidoscope de Shanghai présente les quatre principaux aspects de la culture florissante de la plus grande ville de Chine: l’architecture, l’esthétique urbaine, l’art contemporain et la mode. De grands artistes, architectes et créateurs de mode nous font voir la culture fulgurante de l’une des métropoles les plus dynamiques au monde, culture caractérisée par son rythme effréné, sa forte densité et ses multiples tours.

On propose au visiteur un mélange original de maquettes et de simulations numériques, de vêtements de haute couture, de dessins et de vidéos, ainsi que des œuvres photographies, des installations vidéo et des tableaux réalisés par d’importants artistes contemporains de Shanghai. Seule ombre au tableau, aucune des vidéos n’offre une entrevue en français (seulement en mandarin et en anglais). 


Darwin: la révolution de l’évolution est présentée comme l’exposition la mieux documentée sur cet homme de science. On suit ce naturaliste, formé en médecine et en théologie, et on découvre les observations qu’il a faites en Amérique du Sud et aux Îles Galápagos. On apprend pourquoi certains l’ont glorifié et d’autres honni pour sa théorie de l’évolution. On apprécie surtout l’impact qu’ont eu ses idées sur la science et la société d’aujourd’hui.

En montre jusqu’au 4 août prochain, Darwin: la révolution de l’évolution est une exposition présentée en anglais seulement. Tous les textes sur les murs ne figurent que dans la langue de Shakespeare.

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À l’entrée, on offre un feuillet de quatre pages en français; ce texte ne couvre même pas 5% de l’information unilingue anglaise affichée sur les murs de l’exposition. Lorsqu’on arrive dans L’espace découverte Darwin, tout est affiché en anglais seulement. Il faut prendre un feuillet de six pages pour obtenir la traduction.

Quand j’ai fait remarquer l’absence du français, un guide m’a répondu que l’exposition était une production américaine et qu’elle était arrivée en anglais seulement. Le Musée présenterait-il une exposition unilingue française en provenance de Paris? Je ne le crois pas.

En invitant le public à venir voir Darwin: la révolution de l’évolution, le Musée royal de l’Ontario clame haut et fort que le français est secondaire, voire aucunement important. Sa propre brochure de 16 pages sur Darwin est unilingue anglaise. On y parle de ROM Family Weekends, de ROM Kids, de ROM Life, de Four New Galeries This Spring, de Plan Your Visit, etc.

Machines à écrire anciennes

L’exposition Machines à écrire anciennes nous fait découvrir, à travers 20 modèles datant des années 1880 et 1890, la remarquable diversité et l’ingéniosité des premières machines à écrire jamais fabriquées. Elle est en montre jusqu’au 29 juin.

C’est grâce à la collection du Torontois Martin Howard, la plus importante du genre au Canada, qu’il est possible d’admirer une diversité de modèles et de mécanismes, qui illustre les techniques astucieuses mises au point par les ingénieurs en mécanique pour taper des lettres sur du papier.


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Cette petite exposition est présentée dans les deux langues, mais la transposition des textes français sur les murs n’a pas été très soignée. Pour lire correctement certaines phrases, j’ai dû moi-même corriger la graphie (crayon feutre à la main). J’ai ajouté huit accents manquants et une cédille. Encore une fois, le Musée royal de l’Ontario traite le français comme le parent pauvre de ses expositions!

Je note, en passant, qu’on m’a remis un exemplaire de ROM Life, la brochure trimestrielle du Musée. Cette édition de Winter 2008 était unilingue anglaise, bien entendu. On en déduit que le Musée royal de l’Ontario n’a rien à dire aux francophones!

Lors de ma visite, le 29 mai, j’ai demandé les directions pour voir telle exposition et deux agents m’ont répondu «I don’t speak French». Lorsque j’ai posé une question en français à un animateur de l’aire de Découverte Darwin, il m’a répondu en anglais seulement.

Lorsque j’ai visité l’exposition de photos sur Shanghai, j’ai senti que mon taux de sucre baissait (je suis diabétique). Je me suis assis sur un fauteuil, j’ai fait mon test de glucose et c’était effectivement trop bas (3.1). J’ai aussitôt bu un jus de fruit. Un agent est venu me dire, en anglais, que je ne pouvais pas boire à cet endroit-là. Je lui ai parlé en français, mais il a répété son avertissement en anglais. Je lui ai dit qu’une personne diabétique prend son jus là où il le faut afin de prévenir un coma diabétique. Il est parti en maugréant en anglais.

Ces incidents démontrent clairement que le Musée royal de l’Ontario n’a pas les compétences pour accueillir un public d’expression française. Il bafoue constamment la langue de Molière. Chaque fois que je mets les pieds au ROM, je dois porter plainte en vertu de la Loi sur les services en français. Je l’ai fait à plus d’une reprise, dans le passé, et le Musée a toujours trouvé une excuse ou a promis de faire mieux la prochaine fois. Mais il ne respecte jamais ses promesses.

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Maintenant que le Commissaire aux services en français est en poste, j’ose espérer qu’il interviendra avec vigueur et rigueur pour remédier à la situation. À bas les gaffes!

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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