Trésors méconnus du Séminaire de Québec

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Publié 14/04/2015 par Paul-François Sylvestre

Le Séminaire de Québec a célébré son 350e anniversaire en 2013 et, à cette occasion, le Musée de la civilisation a réalisé l’exposition Révélations: l’art pour comprendre le monde.

Le mot «révélations» est au pluriel parce qu’il s’agit de la révélation de pièces méconnues de notre patrimoine, de la révélation d’un contexte particulier de création et d’acquisition, de la révélation du monde extérieur à la société québécoise.

Les quelque cent œuvres présentées proviennent de la collection des prêtres du Séminaire de Québec, qui compte environ 900 peintures européennes et canadiennes, près de 25 000 œuvres sur papier, une centaine de sculptures et plus de 1 000 pièces d’orfèvrerie.

Le Musée de la civilisation est le gardien des collections des prêtres du Séminaire de Québec depuis 1995. Selon le directeur général du Musée, Michel Côté, les œuvres en montre sont souvent «des trésors nationaux méconnus dont plusieurs demeurent de véritables pièces de référence en terme de techniques picturales, d’esthétisme ou d’histoire».

L’exposition démontre les qualités intellectuelles, le travail colossal et le dévouement inlassable de ces prêtres savants, entièrement consacrés à leur métier d’enseignant et d’éducateur.

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Culte chrétien

Le Séminaire de Québec a d’abord acquis des œuvres en raison de leur lien direct à la dévotion et au culte chrétien. Le premier tableau à faire son entrée au Séminaire est Le Repos de la Sainte Famille durant la Fuite en Égypte, attribué au peintre français Jean Restout (1692-1768). Cette huile sur toile a été offerte en 1752 par le Séminaire des Missions étrangères de Paris.

À cette première pièce s’est ajoutée une kyrielle d’autres œuvres du patrimoine religieux: de magnifiques sculptures de Thomas Baillairgé, de Pierre Émond et de Louis Jobin, des pièces d’orfèvrerie raffinées de Guillaume Loir et de François Ranvoyzé, ainsi que le spectaculaire tabernacle commandé en 1757 aux frères François-Noël et Jean-Baptiste-Antoine Levasseur. Il mesure environ 3 m de long et 1 m 80 de haut.

Une partie de l’exposition illustre comment le XIXe siècle a été une période charnière dans le développement des collections beaux-arts du Séminaire, notamment grâce aux voyages d’études, d’agrément et de fonction que firent plusieurs prêtres en Europe et à l’acquisition de pièces rares et fragiles.

C’est le cas de La Sainte Face de Claude Mellan (1598-1688), qui est considérée comme une prouesse technique et un chef-d’œuvre digne d’un des grands maîtres de la gravure européenne.

Laliberté et Suzor-Côté

L’exposition fait défiler de grands artistes canadiens, de Joseph Légaré à Jean-Paul Lemieux, en passant par Antoine Plamondon, Théophile Hamel, Alfred Laliberté, James Pattison Cockburn, Ozias Leduc, Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté et Maurice Galbraith Cullen.

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D’Alfred Laliberté (1878-1953), on peut admirer sa sculpture de bronze intitulée Travailleuse canadienne (entre 1908 et 1920). De Marc-Aurèle de Foy Suzor-Côté (1869-1937), on peut flatter des yeux Le Vieux Pionnier ou le Père Esdras Cyr (1911).

La solide réputation du Séminaire et de son musée de peinture lui a valu des donations et des legs par succession de très grande qualité comme celle de Geneviève Cramail, qui a offert au Séminaire quelques centaines de gravures européennes rares et précieuses, parmi lesquelles figure une gravure sur bois d’après Rubens, Suzanne et les vieillards, reconnue aujourd’hui comme l’une des dernières issues de la tradition baroque.

Une autre donation très significative est celle de l’abbé Édouard Côté, frère de l’artiste Marc-Aurèle de Foy Suzor-Coté. En 1957 et 1966, l’abbé Côté a offert environ 200 objets provenant de l’atelier de son frère.

Les œuvres d’art, esquisses, photographies, meubles et objets personnels de cette collection permettent de retracer les procédés artistiques, la démarche créative et les moments importants de la vie de ce grand artiste québécois que fut Suzor-Coté.

Un carnet à l’entrée

Afin de laisser toute la place aux œuvres, les concepteurs de l’exposition ont choisi de transmettre l’information détaillée des œuvres d’art par le biais d’un carnet remis au visiteur à l’entrée de la salle. Il fournit nom, titre, date, matériau et description, mais pas le format de l’œuvre.

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L’exposition Révélations: l’art pour comprendre le monde se poursuit jusqu’au printemps 2016. Le Musée de l’Amérique francophone est situé au 2, côte de la Fabrique, dans le Vieux-Québec (juste à côté de la cathédrale).

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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