Le théâtre et la danse se côtoient souvent. Il y a même des ménages à trois: théâtre, chanson et danse. Le Théâtre français nous en fait la preuve avec brio. Cette fois, le texte et la peinture s’épousent dans un ouvrage de Suzon Demers et Danièle Vallée. Sous la jupe réunit les tableaux de la première et les textes de la seconde.
S’inspirant de quatorze peintures (152,4 cm x 91,4 cm) de Suzon Demers ayant pour sujet des personnages féminins, Danièle Vallée s’est amusée à écrire quatorze nouvelles.
Nous avons droit à des textes incisifs, souvent déroutants, tantôt tristes tantôt drôles. Rien d’étonnant à cela puisque chaque peinture revêt diverses couches émotionnelles et rationnelles.
Danièle Vallée a une imagination débridée, ce qui permet aux mots de cavaler allègrement. Il ne faut donc pas s’étonner de voir un éboueur «recycler les émotions et le bonheur des autres». Ou une femme passer ses soirées non pas dans un salon de thé ou un salon du livre, mais plutôt dans un salon funéraire.
D’un simple portrait somme toute énergique de deux femmes, intitulé par exemple «Sculpture exploréenne», l’auteure explore un futur qu’elle imagine lourd et endolori, voire vitriolique et inhumain. Un geste, une posture, un regard, tout est prétexte à une aventure, à un aveu, à une allégorie.
Comme je suis écrivain, je me suis arrêté plus aux coups de plume qu’aux coups de pinceau. (Excuse-moi, chère Suzon.) Le style de Danièle Vallée m’a envoûté, rien de moins. Elle aime jouer avec les mots, faisant rimer champions et pions, parlant de «gens de la haute définition» et décrivant une «patronne débordante de fausse poitrine et de fausse compassion».