Toussaint Louverture, «le Spartacus noir»

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Publié 14/04/2015 par Estelle Bertrand

«J’étais né esclave, mais la nature m’a donné l’âme d’un homme libre», disait Toussaint Louverture, dont on fêtait le 212e anniversaire de la mort au théâtre de l’Alliance française de Toronto mardi 7 avril.

Dès son plus jeune âge, Toussaint Louverture montrait des capacités physiques et intellectuelles étonnantes. Robert Morin, historien présent lors de cette soirée de commémoration, explique qu’à «12 ans il était plus fort que tous ses camarades aux jeux sportifs des plantations. À 60 ans il était encore le meilleur cavalier de l’île et on le surnommait le ‘centaure de la savane’».

Également surnommé le «Spartacus noir», Toussaint Louverture a été le chef de la révolution haïtienne. On ne connaît pas la date précise de sa naissance, ce qui contribue à le placer au rang de «mythe». Arbitrairement la date choisie pour sa venue au monde est le 20 mai 1743 à Bréda en Haïti.

Son génie militaire et son sens politique aigu ont transformé toute une société d’esclaves en un état indépendant. «Les noirs venaient en Haïti pour remplacer les Indiens qui mourraient des maladies importées par les Européens lors de la colonisation», rappelle Robert Morin.

Le succès de la révolution haïtienne a secoué l’institution de l’esclavage dans le Nouveau Monde. En 1801, Toussaint Louverture a promulgué une constitution autonomiste pour la colonie avec lui-même pour gouverneur à vie.

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Mais en 1802, il est forcé de démissionner par les forces envoyées par Napoléon Bonaparte pour rétablir l’autorité française dans l’ancienne colonie. Il est expulsé vers la France où il meurt le 7 avril 1803.

Avant son départ, il prononça cette phrase qui restera célèbre: «En me renversant, on n’a abattu que le tronc de l’arbre de la liberté, mais il repoussera, car ses racines sont nombreuses et profondes.»

Et, de fait, la révolution haïtienne a continué avec son lieutenant Jean-Jacques Dessalines, qui a déclaré l’indépendance de l’île le 1er janvier 1804.

Célébration de la liberté

«La mort de Toussaint Louverture aurait pu être un simple fait divers. Pourtant c’est devenu un fait historique que des générations continuent de commémorer», a dit le Dr Éric Pierre, consul honoraire d’Haïti à Toronto, lors de la soirée.

Afin de rendre hommage à ce grand homme, plusieurs artistes sont montés sur scène. Jahfaa et ses musiciens ont envouté la salle avec leur musique aux influences haïtiennes. Les danseuses de Coba ont aussi interprété un numéro presque mystique de danse caribéenne.

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Pour l’émotion, on pouvait compter sur la famille d’origine haïtienne Isaac Joseph. La plus jeune fille, Abigail, a chanté l’Hymne des nègres, tandis que sa mère interprétait des chants haïtiens.

Stella, l’ainée, a lu un texte à propos de ce que la liberté représentait à ses yeux. «Je suis conscience de la chance que j’ai eu de naître au Canada», a-t-elle dit. «Toussaint a vu et a cru en la force des Haïtiens qui se sont battus pendant plus de 10 ans… On ne nous apprend pas cela à l’école», a-t-elle déploré.

Toussaint Louverture «a fait des pas de géant dans l’histoire, il a été une étape dans l’histoire, mais c’est une lutte qui continue» a rappelé le docteur Éric Pierre, avant d’ajouter que «c’est l’esclavagisme qui a engendré le racisme, et aujourd’hui le sucre que nous utilisons a parfois un goût amer».

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