Tourisme vinicole: des saveurs à découvrir

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Publié 18/05/2010 par Alain Laliberté

Depuis plusieurs années, la France (et maintenant l’Italie) attire le touriste québécois. Si plusieurs adoptent le circuit en autocar, d’autres préfèrent une liberté permettant d’adapter leur horaire selon l’humeur ou l’occasion.

Un voyage dans le vignoble ne s’improvise pas. Toutes les appellations de France et d’Italie sont organisées de telle manière qu’un comité, un syndicat ou une maison de vin centralise les informations pour les amateurs en villégiature. On trouvera chez eux une liste de tous les producteurs qui commercialisent en bouteilles, avec les heures d’accueil et parfois leurs tarifs.

Certaines structures d’accueil comme la Maison de la qualité des Bordeaux et Bordeaux supérieur, à Beychac-et-Caillau, ou l’Enoteca Italiana à Sienne, font déguster une grande quantité de vins qu’il est ensuite possible de se procurer chez le vigneron. Les coopératives qui sont des regroupements de producteurs possèdent les plus importants caveaux de dégustation et proposent une vaste gamme de vins, du vin de table à la cuvée prestige. Un seul moyen pour bien choisir: goûter! Les dégustations sont gratuites et se déroulent sans cérémonies.

Les meilleurs vignerons sont plutôt discrets. Mieux vaut se méfier des parcours fléchés sur une dizaine de kilomètres; ils aboutissent parfois dans des caveaux où se succèdent les autocars. Rien de mieux que de questionner le restaurateur, le pompiste ou l’épicier puisqu’ils en savent parfois plus que le meilleur des guides.

Peut-on débarquer à l’improviste ou vaut-il mieux téléphoner pour prendre rendez-vous? Dans les deux cas, évitez l’heure du déjeuner (entre midi et deux heures). Arriver sans s’annoncer est bien accepté, surtout avec les recommandations d’un voisin vigneron ou d’un fidèle client. Toutefois, il est préférable de communiquer deux jours à l’avance afin de s’assurer la présence, mais surtout la disponibilité du propriétaire ou d’un de ses adjoints. Ne lésinez pas sur votre origine: les vignerons aiment les Canadiens… Un conseil qui marche à tout coup: plutôt que de se pointer à l’improviste, un petit coup de fil indiquant que vous aimeriez visiter dans trente minutes permet au producteur de s’organiser. Dans les petits villages italiens, une connaissance de la langue locale demeure un très sérieux atout. Autrement la rencontre en sera une mémorable…

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Chaque région a sa particularité. S’il est impensable, sauf en de rarissimes exceptions, de visiter un cru classé bordelais le week-end ou tel producteur étoilé en Bourgogne parce que ses vins sont tous vendus, les petits vignobles, où la distribution n’est pas vraiment organisée, honorent votre passage (Savoie, Corse, Champagne, Loire, Sicile, Vénétie, Émilie-Romagne).

Je m’en voudrais d’omettre les appellations secondaires du bordelais (Fronsac, Côtes de Bourg, Entre-Deux-Mers, Premières Côtes) et les vignobles de Provence, des Côtes-du-Rhône, d’Alsace, du Languedoc-Roussillon et du Sud-Ouest où l’on retrouve nombre de coopératives et de routes des vins permettant la rencontre de vignerons passionnés par le fruit de la vigne et sa qualité. Il faut s’armer de courage et aiguiser sa curiosité pour dénicher la perle rare à prix raisonnable. Il faut surtout compter du temps et de la patience. D’ailleurs, prévoyez 90 minutes par visite.

Intimidante la dégustation?

Il ne faut pas se laisser impressionner par le cérémonial qu’entretiennent certains vignerons. La dégustation a ses règles (mirer l’aspect du vin, respirer ses arômes et déguster), mais il ne faut pas oublier l’essentiel: goûter le vin.

Mieux vaut goûter le vin de plusieurs vignerons avant d’acheter. Seul le susceptible sera offusqué que vous repartiez les mains vides. Par contre, imaginez l’accueil réservé au touriste qui retourne acheter à la propriété le vin qu’il avait goûté en matinée. Enfin, recrachez systématiquement tous les vins, quitte à les goûter à nouveau. Bien déguster, c’est savoir recracher.

Le vigneron est fier de son vin, produit d’un dur labeur. Rien n’oblige le consommateur à commenter le vin. Votre physionomie s’en occupe. On ne marchande pas le prix, surtout que le bon vigneron devra impérativement vous donner un acquis (obligatoire pour le transport des vins et des alcools en vrac) précisant la quantité de vin, le trajet et sa durée.

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Le retour au pays

Lors d’un séjour de 48 heures à l’extérieur du Canada, il est permis de rapporter 1,5 litre de vin ou de spiritueux par personne, libre de franchise douanière. Par contre, tout Canadien peut rapporter un maximum de 9 litres (12 bouteilles de 75 cl) en payant les droits et taxes de l’excédent.

Vous êtes du genre à ramener des souvenirs de voyage? Ne soyez pas embêté de déclarer ce que vous rapportez. De par mon expérience, les douaniers sont plus enclins à être généreux et moins regardants lorsque vous êtes honnête. Sachez qu’une bouteille de 75 cl de vin payée 5 euros, une fois le taux changé en huards canadiens (6,39 $ environ), coûtera environ 6,50 $ en droits et taxes. À vous le choix!

DÉGUSTÉ POUR VOUS

La Vieille Ferme Côtes du Ventoux

Mère Nature a été d’une générosité peu commune en 2007 dans le sud de la France. En général, les vins sont riches, harmonieux et d’une densité de matière rarement atteinte et ce, autant pour les «petits» vins de propriétaire que les plus grands. Ce fut le cas de La Vieille Ferme Côtes du Ventoux 2007, malheureusement épuisé depuis la fin de l’été 2009. Le millésime 2009 s’inscrit dans la lignée des récents grands millésimes comme 2007 et 2005. La Vieille Ferme rouge 2009 atterrit déjà sur les tablettes du monopole ontarien (un coup de fil à l’agent québécois m’a confirmé la même situation au Québec). Je vais demeurer prudent dans mes commentaires puisque les raisins ont été ramassés il y a environ huit mois. Le vin a donc traversé l’océan Atlantique que très récemment. La mise en bouteilles a tout juste précédé ce voyage. On sait très bien que l’embouteillage tout comme le voyage choquent le vin. Pour sûr, il changera.

À ce jour, La Vieille Ferme 2009 Côtes du Ventoux (263640 11,95 $) embaume le panier de petits fruits rouges et noirs avec un brin épicé. Glissant au palais, moyennement corsé, il n’est pas sans rappeler les vins nouveaux vendus avec tambour et trompettes chaque année en novembre. Là toutefois s’arrête la comparaison qui, comme on le sait, est toujours un peu boiteuse. Le vin offre une densité rarement atteinte par les vins nouveaux. La bouche suit avec ces mêmes arômes perçus initialement au nez. Les tanins sont fins et la persistance aromatique qui disparaît rapidement… revient après quelques secondes. Le vin est en phase choc; recroquevillé sur lui-même, il a besoin de s’étirer un peu. Un passage en carafe s’impose.

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Vous n’avez pas de carafe? Aucun souci à se faire. Transvider le vin dans un autre contenant d’au moins un litre comme un contenant à jus en plastique. Après vous être servi un verre, vous tournoyez le vin et le laissez en contact avec l’air pendant trente minutes. Remettez le vin dans la bouteille et le tour est joué. Servez un autre verre et amusez-vous à comparer les deux.

Le millésime 2009 remplace le 2008. Dégusté en même temps au moment d’écrire ces lignes, j’y découvre le jour et la nuit. La Vieille Ferme rouge 2008 (même code, même prix) présente une robe rubis brillante. Le nez, dans le même registre que 2009, n’est pas aussi ensoleillé et aussi nuancé. Plus aérien, il précède une bouche plus mince, plus acide et fuyante. En 2008, le vin n’est pas mauvais, mais demeure sans vertu.

Intéressant de comparer deux millésimes. J’encourage l’éducation à distance. Achetez une bouteille de chaque vin et faites vos devoirs. Enfin, et ce, jusqu’au 23 mai prochain, un rabais de 1 $ ramène le vin à 10,95 $. Bonne dégustation!

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