Greektown on the Danforth est le plus grand quartier hellénique en Amérique du Nord. Quelque 150 commerces grecs y défilent sur 2 km; la moitié de ces commerces sont des restaurants qui procurent un aspect et des saveurs qui font saliver les Torontois. Pour sa part, le quartier grec de Montréal est aujourd’hui tout petit, grugé par les populations portugaises et surtout latino-américaines. Diminué il y a quelques décennies par la crainte du nationalisme québécois; ce secteur de l’avenue du Parc vient à peine d’être reconnu officiellement comme un quartier grec et sa population est vieillissante.
Pourtant, en termes de fierté, d’authenticité et de vivacité, le secteur grec de Montréal ne recule pas devant le colosse ethnique torontois. «Les Grecs de Montréal demeurent eux-mêmes, ils n’ont pas le désir ardent de s’intégrer à la majorité comme les Grecs de Toronto», dit à L’Express une Montréalaise qui dirige la rédaction française d’un magazine de mode.
«Ce n’est pas parce que les Grecs de Montréal parlent mal l’anglais qu’ils sont plus Grecs que nous!», réplique en riant George Kapassouris, 39 ans, propriétaire du fameux restaurant-bar Myth de la rue Danforth, le Greektown torontois. Il organise des Greek Nights du samedi soir depuis des années. Chaque semaine, quelque 300 jeunes Grecs font la fête au son de formations grecques qui jouent à fond la caisse. «Les Grecs adorent s’amuser en groupe. À partir de trois Grecs, vous avez un groupe qui a du plaisir, que ce soit à Toronto ou à Montréal. La différence est que nos partys sont plus gros à Toronto et que nous pouvons donc embaucher plus de musiciens», poursuit M. Kapassouris.
Assimilation plus lente à Montréal
Les Grecs sont arrivés en masse à Toronto et à Montréal dans les années 1950 et 1960. Ils ont été le dernier grand groupe ethnique de race blanche à s’y installer. «Quand j’étais jeune, les Grecs de Toronto subissaient de la discrimination. Aujourd’hui, les Noirs et les Asiatiques arrivent et ils nous jugent comme si nous étions des Blancs anglo-saxons bien établis, alors que les Grecs sont arrivés il y a un moins de deux générations!», constate Bill Vardis de l’association Greek Community of Toronto.
«Les jeunes adultes grecs arrivés à Toronto dans les années 1950 et 1960 sont maintenant des grands-parents qui gardent leurs petits-enfants et qui leur enseignent le grec, dit M. Vardis. Par contre, les enfants de ces premiers arrivants se sont rapidement assimilés à l’anglais pour s’intégrer au plus vite à la société canadienne et pour s’y faire une place au soleil.»