Théâtre de marionnettes: une perruche qui s’est envolée

Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de voir du théâtre pour enfants en français à Toronto. Aussi, je ne pouvais que me réjouir à l’annonce d’un partenariat entre le Théâtre français de Toronto, l’Alliance française de Toronto et le Conseil scolaire Viamonde pour offrir quatre représentations du spectacle de marionnettes Perruche.

Présenté la semaine dernière au théâtre Spadina de l’AFT, l’offre comprenait trois séances scolaires et une représentation grand public. J’étais au rendez-vous avec deux enfants de cinq ans et demi et neuf ans.

En ce samedi après-midi glacial, la salle de l’AFT n’était pleine qu’aux deux tiers. Mais beaucoup d’enfants sont malades cette année.

De plus, au même moment la chorale Les Voix du coeur donnait son spectacle de Noël à l’église Sacré-Coeur. Un choix difficile, car je suis sûre que, tout comme moi, plusieurs auraient aimé voir les deux spectacles.

Rêver à des mondes merveilleux

Mais revenons à Perruche. Tout d’abord félicitations au Théâtre de l’Oeil qui nous en a mis plein la vue!

Dans Perruche, on suit Noah, un petit bonhomme attachant qui aime s’évader en rêvant à des mondes merveilleux. Sa chambre se transforme sous nos yeux en forêt tropicale pleine de surprises.

Noah vit un grand chagrin et un deuil. Celui de la perte de Coeur-Coquin, sa perruche qui s’est envolée à cause de sa négligence.

L’histoire est à tout moment soutenue par une scénographie où tout est fait avec doigté et créativité.

Les décors ne cessent de nous surprendre: du sofa mange-tout à la salle de classe avec ses rangées d’élèves et plusieurs personnages abracadabrants aux costumes multicolores.

Talents sur scène et dans l’écriture

La comédienne qui interprète Noah, Camille Deslauriers Ménard, est très juste dans son interprétation et nous partage tout une série d’émotions.

Pendant ce temps, ses deux collègues ont fort à faire avec les entrées et sorties des autres personnages et les nombreux changements de décor.

Le texte tout en finessse de Virginie Beauregard-D est une toute récente adaptation pour le théâtre d’un recueil de poésie du même auteur, paru en 2019 aux éditions La courte échelle.

Trentième production du Théâtre de l’Oeil, Perruche bénéficie des plus de quarante ans d’expérience de cette compagnie de création montréalaise, spécialisée dans le théâtre de marionnettes pour jeune public.

Chicanes de parents

À part ce grand bonheur visuel et scénographique, j’ai quand même un ou deux bémols.

Parmi ce que j’ai moins aimé, il y a les chicanes des parents qui, selon moi, n’apportent rien à l’histoire.

D’autant qu’on sait déjà que Noah, qui est enfant unique et rentre à la maison tout seul avec sa clé au cou, a beaucoup de temps pour rêver. Si on peut imaginer que c’est la réalité de bien des familles, ce n’était pas vraiment utile de le rappeler à un jeune public.

Intimidation

Aussi, parmi les personnages inquiétants rencontrés par Noah, il y a un groupe de chevreuils, genre d’adolescents qui crânent et cherchent à intimider. Ceux-là ne vont pas trop loin, mais on sait à quel point le harcèlement peut être un problème dans les cours d’écoles et pourrir la vie de plusieurs élèves.

J’en ai parlé après le spectacle avec mes deux accompagnatrices, et elles non plus n’avaient pas beaucoup aimé les chevreuils.

Six à dix ans

Enfin, Perruche était annoncé pour les enfants à partir de six ans et plus précisément de six à huit ans. Le site du Théâtre de l’oeil parle plutôt des six à dix ans, soit de la première à la sixième année.

Cependant, j’y ai vu beaucoup de plus petits, accompagnant probablement une soeur ou un frère plus âgé. Ils ont tous été très sages et attentifs. J’ignore ce qu’ils en ont compris, mais cela démontre bien l’importance de présenter plus souvent du théâtre au jeune public francophone de Toronto.