« The Artist » triomphe aux Oscars et aux César

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Publié 26/02/2012 par David Germain et Pierre-Yves Roger (The Associated Press)

à 07h41 HNE, le 27 février 2012.

LOS ANGELES, Calif. – « The Artist » a terminé son fabuleux parcours en apothéose dimanche soir aux Oscars. Ce long métrage français à la gloire d’Hollywood, muet et en noir et blanc, a triomphé lors de la 84e cérémonie des Academy Awards, en remportant cinq statuettes, dont celle du meilleur film, du meilleur réalisateur pour Michel Hazanavicius et du meilleur acteur pour Jean Dujardin.

« The Artist » entre ainsi dans l’histoire du 7e Art, en devenant le premier long métrage non anglo-saxon distingué dans la catégorie reine du meilleur film. C’est aussi le premier film muet à remporter cette distinction depuis la toute première cérémonie des Oscars il y a 83 ans, qui avait sacré « Wings » en 1929. Jean Dujardin devient, lui, le premier comédien français à rafler l’Oscar très convoité du meilleur acteur, qui avait échappé à Charles Boyer, Maurice Chevalier ou Gérard Depardieu.

Au cours d’une soirée menée tambour battant par un Billy Crystal au mieux de sa forme comme maître de cérémonie, Meryl Streep a remporté son troisième Oscar, pour son incarnation de Margaret Thatcher dans « La Dame de fer ». Les trophées du meilleur acteur et la meilleure actrice dans un second rôle ont respectivement été décernés à Christopher Plummer pour « Beginners » et Octavia Spencer pour « La Couleur des sentiments ».

« Je suis le plus heureux des réalisateurs au monde », a déclaré en anglais Michel Hazanavicius, qui concourait face aux plus grands noms du cinéma américain, Martin Scorsese, Steven Spielberg, Terrence Malick, Alexander Payne et Woody Allen, qui s’est consolé avec l’Oscar du meilleur scénario pour « Minuit à Paris ».

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Le Français était favori après avoir remporté le prix de la Guilde des réalisateurs d’Amérique, quasiment inséparable de l’Oscar. Avec Roman Polanski, c’est le seul cinéaste français nommé aux Academy Awards qui emporte la statuette, que n’avaient pu décrocher Jean Renoir, François Truffaut ou Louis Malle. Tout en remerciant l’équipe de son film, dont le chien vedette Uggie, le réalisateur de 44 ans, connu pour la série des « OSS 117 » avec Jean Dujardin, a salué le courage du « dingue qui a mis de l’argent dans le film », en référence au producteur Thomas Langmann.

Imaginant quels auraient été les mots de George Valentin, la star du muet qu’il campe dans « The Artist »: « Waouh! Putain! Génial! Merci! Formidable! Merci beaucoup! I love you! », a conclu en français Jean Dujardin en brandissant son Oscar, après des remerciements plus conventionnels en anglais, lus sur un bristol.

Il a remercié sa partenaire Bérénice Bejo, qui était en lice pour l’Oscar meilleur second rôle féminin, son épouse Alexandra Lamy, et rendu un bref hommage à Douglas Fairbanks, maître de cérémonie de la toute première cérémonie des Oscars en 1929. Le comédien aura remporté, entre autres, un prix d’interprétation à Cannes, un Golden Globe, un BAFTA (le César anglais) et un Oscar. Il ne lui manquera finalement que le César, attribué vendredi soir à Omar Sy pour « Intouchables ».

« The Artist » a remporté également deux statuettes dans les catégories de la meilleure musique originale pour Ludovic Bource et des meilleurs costumes. Il termine ainsi une moisson de prix, entamée au printemps dernier lors du Festival de Cannes.

La soirée aura aussi marqué le grand retour de Meryl Streep qui n’avait pas remporté d’Oscar depuis « Le Choix de Sophie », il y a 29 ans. Régulièrement nominée depuis, elle avait échoué pas moins de 12 fois de suite à empocher une statuette. « Quand on a prononcé mon nom, j’ai pensé que la moitié du pays était en train de se dire ‘Oh non! Encore elle?!’ Mais, bon… », a ironisé l’actrice, détentrice du record de nominations avec un total cumulé de 17 citations.

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Christopher Plummer, 82 ans, qui campe un homme d’âge mûr décidé à révéler son homosexualité dans « Beginners », est devenu dimanche soir l’acteur le plus âgé jamais venu chercher sa statuette. « Tu n’as que deux ans de plus que moi », a-t-il plaisanté, en s’adressant à son « Oscar ».

Enfin, Asghar Farhadi a offert à l’Iran son premier Oscar du meilleur film étranger avec le déjà très primé « Une séparation ».

Six César

Vendredi soir, « The Artist » avait triomphé lors de la 37e cérémonie des César, en France, en remportant six trophées, dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice. Mais le César du meilleur acteur a échappé à Jean Dujardin.

C’est en effet Omar Sy qui s’est vu décerner la récompense dans cette catégorie pour son interprétation dans « Intouchables », énorme succès populaire avec plus de 19 millions d’entrées en France. Dans cette comédie d’Eric Toledano et Olivier Nakache, il incarne un jeune banlieusard qui vient s’occuper d’un riche tétraplégique, joué par François Cluzet. Le film s’inspire d’une histoire réelle, celle de Philippe Pozzo di Borgo, un aristocrate devenu tétraplégique à la suite d’un accident, qui avait embauché pour l’assister dans sa vie quotidienne Abdel Sellou, un jeune Algérien sorti de prison.

« Je voulais faire des vannes, mais je n’y arriverai pas », a lancé Omar Sy, visiblement très ému et ravi, en brandissant son trophée.

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Malgré son prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes, Jean Dujardin repart donc bredouille des César, alors que Michel Hazanivicius et sa compagne, Bérénice Bejo, obtiennent respectivement le César du meilleur réalisateur et celui de la meilleure actrice.

« Je le voulais vraiment. Je suis tellement fière d’être là », a confié Bérénice Bejo, très émue, en recevant son prix.

« Le charme du film, c’est à vous que je le dois », a souligné pour sa part Michel Hazanavicius, rendant hommage à Jean Dujardin et Bérénice Bejo.

Dans « The Artist », qui présente la particularité d’être un long-métrage muet et en noir et blanc, Michel Hazanavicius entraîne le spectateur dans le Hollywood des années 20. Jean Dujardin joue le rôle de George Valentin, une star de cinéma muet qui va tomber dans l’oubli avec l’arrivée des films parlants. En revanche, Peppy Miller, interprétée par Bérénice Bejo (déjà aux côtés de Dujardin dans « OSS 117: Le Caire nid d’espions »), va sortir de son statut de figurante et devenir célèbre. Une évolution qui va contrarier leur histoire d’amour…

Comme c’était le cas aux César, « The Artist » sera en lice dans dix catégories lors de la cérémonie des Oscars, et peut prétendre également rafler bon nombre de prix à Hollywood.

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Récompensé par le Prix du Jury au dernier Festival de Cannes, « Polisse », de Maïwenn, qui arrivait en tête des nominations puisqu’il était cité dans 13 catégories, doit se contenter de seulement deux récompenses, le César du meilleur espoir féminin pour Naidra Ayadi, et celui du meilleur montage pour Laure Gardette et Yann Dedet.

« L’exercice de l’Etat » (onze nominations) décroche trois César, dont celui du meilleur acteur dans un second rôle, pour Michel Blanc, et celui du meilleur scénario original, pour Pierre Schoeller (le réalisateur du film). « La guerre est déclarée » (six nominations) repart en revanche sans le moindre prix.

Parmi les autres récompenses, on notera les César du meilleur second rôle féminin décerné à Carmen Maura (« Les femmes du 6e étage »), des meilleurs espoirs féminin et masculin remis respectivement à Naidra Ayadi (« Polisse ») et Clotilde Hesme (« Angèle et Tony »), ex-aequo, et à Grégory Gadebois (« Angèle et Tony »), et du meilleur film étranger attribué à « Une séparation » réalisé par Asghar Farhadi. Ce film iranien, bien que distribué en version originale, a enregistré plus de 900.000 entrées en France.

Lors de la cérémonie, présidée par l’acteur-réalisateur Guillaume Canet, et présentée avec humour -pour la huitième fois- par Antoine de Caunes, 21 trophées ont été remis.

Au cours de la soirée qui se déroulait au théâtre du Châtelet, à Paris, un hommage a été rendu à l’actrice française Annie Girardot, décédée le 28 février dernier, et un César d’honneur remis à l’actrice britannique Kate Winslet, très émue.

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Le palmarès des César

Voici le palmarès de la 37e cérémonie des César, qui s’est déroulée vendredi soir au Théâtre du Châtelet à Paris:

MEILLEUR FILM FRANCAIS DE L’ANNEE

« The Artist » produit par Thomas Langmann, réalisé par Michel Hazanavicius

MEILLEUR ACTEUR

Omar Sy dans « Intouchables »

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MEILLEURE ACTRICE

Bérénice Bejo dans « The Artist »

MEILLEUR REALISATEUR

Michel Hazanavicius pour « The Artist »

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND ROLE

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Michel Blanc dans « L’exercice de l’Etat »

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND ROLE

Carmen Maura dans « Les femmes du 6e étage »

MEILLEUR ESPOIR MASCULIN

Grégory Gadebois dans « Angèle et Tony »

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MEILLEUR ESPOIR FEMININ

Naidra Ayadi dans « Polisse », et Clotilde Hesme dans « Angèle et Tony », ex-aequo

MEILLEUR PREMIER FILM

« Le cochon de Gaza » réalisé par Sylvain Estibal

MEILLEUR SCENARIO ORIGINAL

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Pierre Schoeller pour « L’exercice de l’Etat »

MEILLEURE ADAPTATION

Yasmina Reza, Roman Polanski pour « Carnage »

MEILLEUR SON

Olivier Hespel, Julie Brenta, Jean-Pierre Laforce pour « L’exercice de l’Etat »

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MEILLEURE MUSIQUE ECRITE POUR UN FILM

Ludovic Bource pour « The Artist »

MEILLEURE PHOTO

Guillaume Schiffman pour « The Artist »

MEILLEURS DECORS

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Laurence Bennett pour « The Artist »

MEILLEURS COSTUMES

Anaïs Romand pour « L’Apollonide, souvenirs de la maison close »

MEILLEUR MONTAGE

Laure Gardette, Yann Dedet pour « Polisse »

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MEILLEUR COURT-METRAGE

« L’accordeur » réalisé par Olivier Treiner

MEILLEUR FILM ÉTRANGER

« Une séparation » réalisé par Asghar Farhadi

MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE

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« Tous au Larzac » réalisé par Christian Rouaud

MEILLEUR FILM D’ANIMATION

« Le chat du rabbin » réalisé par Joann Sfar, Antoine Delesvaux

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