TfT : dans un contexte incertain, l’abonnement de saison comme solution

théâtre français de Toronto
À la fin d'une représentation de la pièce «Feu Monsieur Feydeau!» en octobre 2024 au Théâtre français de Totonto. Photo: Mathieu Taillardas, TfT
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Publié 29/09/2025 par Julie Merceur

Les coupes budgétaires annoncées par le gouvernement Carney vont sûrement impacter en premier lieu la culture, craignent les intervenants de ce milieu. Si le Théâtre français de Toronto ne risque pas la fermeture, ses ambitions, elles, seraient menacées. Ainsi, le TfT souhaite rappeler l’importance et la pertinence de son modèle d’abonnement au théâtre.

Campagne d’abonnement

La traditionnelle campagne d’abonnement du TfT permet aux spectateurs d’obtenir une réduction de 10% sur l’abonnement de saison, avec le code LESHEROINES.

Manuel Verreydt
Manuel Verreydt.

Aujourd’hui, comme l’explique Manuel Verreydt, directeur de la communication et du marketing, le modèle d’abonnement est moins populaire que celui du billet à l’unité, surtout chez les jeunes spectateurs.

À son arrivée, le nombre d’abonnés avoisinait les 500. Ces dernières saisons, il n’est plus que de 115. Or, pour le théâtre, le recours majoritaire aux billets à l’unité est bien plus précaire.

«Je pense que les gens aiment la flexibilité et pensent que c’est plus simple. Maintenant, notre défi est de leur faire comprendre qu’un abonnement apporte également de la flexibilité.»

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Le système d’abonnement permet par exemple de changer plus facilement la date de son billet en cas d’imprévu.

«Surtout, c’est une manière d’aider le Théâtre français de Toronto en faisant rentrer de l’argent dans notre trésorerie. Ça nous donne accès directement à des fonds pour organiser notre saison et nous permet de déstresser», confie-t-il.

Malgré tout, le théâtre n’est pas en difficulté et affirme avoir retrouvé des chiffres similaires à ceux d’avant la pandémie. Plus encore, il a enregistré un record d’entrées la saison dernière, avec plus de 13 000 spectateurs.

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L’équipe du Théâtre français de Toronto. Photo: TfT

Saison 2025/2026 : les femmes à l’honneur

Le titre du code de réduction (Les Héroïnes) fait directement référence au thème général de la saison à venir: les femmes. Les protagonistes des différentes pièces seront toutes féminines.

«Avec notre première pièce, Le Malentendu de Camus, centrée sur une femme et sa fille, ou encore Je suis William, qui raconte l’histoire fictive de la sœur de William Shakespeare, on met les femmes au centre», déclare Manuel Verreydt.

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TfT
L’illustration de la pièce Le malentendu. Photo: TfT

Ce thème, choisi par Karine Ricard, directrice artistique et codirectrice générale, se veut un message d’égalité et d’inclusion.

Caroline Caire, responsable du développement, éclaire cette décision. «Sans parler en son nom, je pense que ce thème lui tient vraiment à cœur. Dans un contexte un peu étrange, où certaines minorités ne sont pas si bien accueillies, je pense qu’elle veut mettre la lumière sur ces femmes, dans toute leur diversité. C’est important pour la compagnie de continuer à défendre les femmes et les minorités en général.»

La continuité du message

Le théâtre se prépare également au lancement de sa campagne de dons de fin d’année, destinée aux personnes souhaitant soutenir la compagnie.

TfT théâtre
Caroline Caire.

La thématique de cette campagne reste centrée sur les femmes. Son nom, Pluri(elles), veut souligner la diversité des profils féminins impliqués de près ou de loin au théâtre.

«Par la programmation, on met en avant les artistes, les autrices, les metteures en scène. Mais plein d’autres femmes sont investies de bien d’autres façons : les spectatrices, les donatrices, les commanditaires, les bénévoles. On veut vraiment toutes les mettre en avant dans cette campagne», explique la responsable du développement.

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Une programmation riche

La saison commencera par la revisite d’un classique: Le Malentendu d’Albert Camus, du 5 au 15 novembre.

Elle se poursuivra avec la 13ᵉ édition des Zinspiré·e·s, concours d’écriture permettant à un élève ontarien, sélectionné puis accompagné par des professionnels, de voir sa pièce produite par le théâtre. Celui-ci sera joué du 27 novembre au 19 décembre.

TfT Les Zinspirés 12
Des comédiens des Zinspiré.e.s 12 en répétition. Photo: Mathieu Taillardas, TfT

Puis viendront Nzinga (26-28 février 2026), Bonnes Bonnes (22-26 avril 2026) et enfin Angle Mort (28-30 mai 2026).

Dans la catégorie jeunesse, on retrouvera Joséphine et les grandes personnes (15-18 avril 2026), Je suis William (6-9 mai 2026) et Les Contes du voyageur (date à confirmer).

La programmation sera également offerte avec sous-titres et surtitres en anglais. En effet, même si l’un des buts principaux de la compagnie est de servir la francophonie, le TfT veut aussi satisfaire les anglophones, qui représentent près de 40 % de son public.

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Un rêve mis à mal par les coupes budgétaires

C’est un objectif de longue date: le TfT rêve de posséder sa propre salle.

Pour ce faire, le théâtre a besoin d’un soutien financier du gouvernement fédéral. «Dans les conditions actuelles, avec le gouvernement fédéral qui annonce des coupes budgétaires conséquentes, il faut qu’on redouble d’efforts pour mettre l’emphase sur la pertinence et l’importance du projet», argumente Caroline Caire.

finances publiques, déficit
Le premier ministre Mark Carney et le ministre des Finances François-Philippe Champagne. Photo: Inès Lombardo, Francopresse

«La francophonie dans le sud de l’Ontario n’a pas de pôle de création. C’est pourquoi on milite pour faire valoir notre projet», poursuit-elle.

Manuel Verreydt conclut: «Le secteur culturel essaie de faire comprendre au gouvernement fédéral qu’il faut investir dans le Conseil des Arts et de la Culture, car l’art est bénéfique à l’économie. Le défi est là. Quand un gouvernement annonce une coupe budgétaire, c’est souvent la culture qui passe à la trappe.»

«Ça représente un réel danger pour nous, car ces coupes pourraient limiter nos ambitions. Le public a donc un rôle à jouer, notamment en s’abonnant, pour montrer son soutien et nous aider financièrement.»

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