Et dire qu’ils n’ont pas fait du théâtre leur métier… La troupe de Terre d’accueil est essentiellement composée de comédiens amateurs, mais cela ne se voit pas. Chaque réplique vient du fond du coeur et c’est probablement ce qui a su toucher le public. Le théâtre de la Vieille 17 s’est arrêté à Toronto la fin de semaine passée, le temps de présenter la création d’Esther Beauchemin et Michèle Matteau: Terre d’accueil.
Comme nous l’expliquions dans notre dernier numéro, cette pièce est le résultat d’un travail d’improvisation d’immigrants installés dans la capitale nationale. À quoi ressemble la vie de ceux qui arrivent au Canada pour y trouver une vie plus digne? Venus d’Afrique ou des Antilles, ils sont une nouvelle facette de l’identité franco-ontarienne. Mais qu’y a-t-il derrière ces visages? Quelles histoires? Quels souvenirs? Quels sentiments contradictoires?
Terre d’accueil lève un pan du voile et le fait avec brio. Les acteurs interprètent avec un plaisir évident le rôle de ceux qui attendent d’entamer leur nouvelle vie de Canadiens. Ils nous font passer de scènes drôles à des moments plus graves qui révèlent les passages obligés de l’immigration: la frustration face à la lourdeur de l’administration, la difficulté à exercer sa profession, l’envie parfois d’un retour vers un pays d’origine idéalisé, l’incompréhension croissante de ceux qui sont restés là-bas, les blessures d’un passé douloureux qui s’ouvrent lorsqu’on s’y attend le moins…
Mais Terre d’accueil n’est pas qu’un simple recueil de souvenirs de nouveaux arrivants: c’est avant tout une pièce de théâtre, bien pensée, bien montée, aux costumes magnifiques, à la mise en scène soignée et vivante, gardant le spectateur en haleine jusqu’au bout. À un tel point que ce dernier regrette de voir la fin arriver si vite!
Terre d’accueil a connu un franc succès à Ottawa, on peut en dire autant de ses représentations torontoises… et c’est un succès bien mérité!